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Solutions: Quelle est votre analyse du marché de la
gestion de la relation client, du côté de la
demande ?
Bryan Foss:
Chez IBM, nous constatons que
la gestion de la relation client répond à la
plus grande problématique actuelle que rencontrent
les services financiers. Ces entreprises ont enfin compris
dans leur ensemble que le CRM peut améliorer leurs
revenus. D'ailleurs, elles n'appellent pas forcément
cela la gestion de la relation client, mais la loyauté
client (customer loyalty), qui consiste pour elles à
déterminer les clients qui créent le plus de
valeur. Dans l'industrie également, la tendance actuelle
démontre que les entreprises se doivent d'être
efficaces dans tous les domaines. Pour cela, il faut tout
comprendre et développer une stratégie globale
vis-à-vis du client, ce qui passe inévitablement
par une évaluation de la performance de l'entreprise.
Dans cette optique, les huits domaines du CRM sont là
pour adresser ces problématiques.
Quels
sont ces huit domaines dont vous parlez à propos du
CRM ?
Je vous en dresse la liste que
voici:
1. L'analyse et l'estimation des ressources ont pour
but de connaître l'entreprise et d'identifier ses forces
et ses faiblesses. Si vous n'avez pas les meilleurs clients,
vous perdez de l'argent.
2. La proposition est le second domaine couvert,
qui répond à la question "Avez-vous utilisé
votre savoir pour élaborer une proposition ?".
3. La gestion du cycle de la relation client depuis
son acquisition jusqu'à sa mort ou son départ
suppose une certaine connaissance. Il faut savoir quand il
change de travail, quand il se marie,
c'est à dire quels sont les événements
positifs qui surviennent dans sa vie afin de lui vendre d'autres
produits. Mais aussi les événements négatifs
supposent que vous soyez toujours présents, sinon ils
vous quittent lorsque cela va mieux pour eux.
4. Les entreprises traditionnelles recherchaient
jusque-là la compétition frontale.
Maintenant, beaucoup offrent des cartes de crédit et
des t-shirts pour l'achat de certains produits par exemple.
La compétition n'est plus traditionnelle.
5. La mesure de la satisfaction du client en fonction
de ce qu'il considère important n'est plus la même
qu'avant. Lorsqu'un client compare les services financiers
des entreprises sur leurs sites Internet, certains sont très
pauvres en services financiers mais très étoffés
sur d'autres parties. Le tout est de savoir pourquoi un site
fonctionnera mieux qu'un autre.
Enfin, les trois derniers domaines concernent la gestion en
tant que telle, c'est à dire 6. les personnes
en interne qui sont en contact avec le client, 7. les processus
qui rentrent en ligne de compte, et 8. les systèmes
d'informations impactés. Ensemble, ces trois domaines
permettent de se demander si les collaborateurs ont les capacités
de servir le client et si le support technique peut les aider
en cela.
Comment
mettre en oeuvre une stratégie de cette ampleur ? Est-il
possible de considérer des étapes comme plus
importantes que d'autres ?
Non, vous vous devez de déployer
une approche holistique. Si vous être très forts
dans un domaine et pas sur les autres créneaux, vous
n'obtenez pas de retour sur investissement (ROI). Par exemple,
si l'entreprise n'utilise pas le savoir dont elle dispose,
elle n'obtient pas de résultats. Mais dès lors
qu'elle agit, l'approche complète voulue engage un
effet direct sur le personnel informatique. Et c'est pourquoi
les systèmes d'informations doivent aussi être
holistiques. Qu'il s'agisse des bases de données, des
systèmes e-business, des canaux Internet ou du centre
d'appel, l'entreprise doit obtenir une vue unique sur ses
clients. Ces pourquoi les différents systèmes
doivent interopérer sur tous les canaux. Et ils doivent
être connectés à un datawarehouse,
afin d'utiliser le savoir pour récupérer et
conserver les clients qui rapportent au lieu de retenir ceux
qui créent des pertes.
Une
enquête récente auprès de décideurs
européens montrait une attente de retour sur investissement
plus forte côté achats en Angleterre et en Allemagne,
et plus forte côté ventes en France. Qu'en pensez-vous
?
D'un côté comme
de l'autre, cette vision est absurde. Beaucoup de projets
CRM ont plusieurs retours sur investissement possibles et
le risque est très élevé lorsque ceux-ci
ne communiquent pas entre eux. Entre les clients et le domaine
du b-to-b, il existe un lien qui se retrouve également
avec les polices d'assurance et la gestion financière.
Il n'est pas suffisant de se focaliser sur la relation client,
et l'entreprise doit regarder en entier la chaîne de
valeur.
Le
recouvrement de la chaîne de valeur (gestion de la relation
client, de la chaîne logistique...) représente
tout de même un investissement conséquent. Celui-ci
est-il compatible avec le passage à l'Euro ?
Les entreprises n'ont pas le
choix avec l'Euro. De plus, les compagnies financières
placent ce projet en priorité haute. Mais le CRM est
également prioritaire en ce qui les concerne, car il
génère d'énormes revenus. Ceci dit, l'ensemble
représente un bon cas d'affaires, et IBM est habitué
à gérer plusieurs projets en simultané.
L'entreprise ne doit pas différer ses projets, mais
trouver un moyen de les accomplir sur le long terme. A partir
de là, cela dépend de ce qu'elles considèrent
comme étant le plus important selon leurs modèles
d'affaires. Si un projet rapporte 1 million de dollars
et un autre 10 millions de dollars, les priorités
sont évidentes.
Quelle
est donc la principale priorité d'un projet CRM, selon
vous ?
Le meilleur moyen d'y arriver
est de commencer par l'analyse, qui permet de constater ce
qui crée du profit avec les clients. Peut-être
que 20 % ou 70 % d'entre eux ne sont pas profitables.
Il faut donc comprendre la base clientèle. Si vous
faites cela, vous pouvez ensuite déterminer votre stratégie.
Pour
en terminer avec ces aspects, que conseillez-vous aux entreprises,
et quel rôle y joue IBM ?
Beaucoup d'entre elles ont investi
et ne sont pas certaines d'atteindre un retour sur investissement
positif. Et ceci, parce qu'elles n'ont pas, par exemple, intégré
leurs systèmes de gestion des forces de vente avec
leurs centres de contacts pour mesurer la satisfaction client.
Nos recherches se concentrent donc sur l'intégration.
Peut-être que les entreprises n'ont pas besoin de dépenser
beaucoup plus pour obtenir un ROI positif. Parfois, aussi,
les centres d'appels retiennent les clients à perte
sans atteindre ceux qui sont profitables. L'entreprise doit
donc relier les connaissances entre elles et IBM est là
pour les aider. Car sans intégration, la relation client
n'est pas profitable.
Est-ce
la raison de votre partenariat avec Evoke Software ?
A partir du moment où
vous commencez à relier vos applications aux systèmes
centraux, vous avez besoin de quatre nouveaux composants.
Le premier est la base de données qui produit la vue
unifiée sur les clients, et qui permet de les reconnaître
et de récupérer leur historique. Le second est
une base de données similaire utilisée comme
un datawarehouse pour pratiquer les analyses et préparer
les ressources à mesurer. L'objectif est d'obtenir
des tableaux d'évaluation financiers qui couvrent tous
les domaines de l'entreprise. Le troisième concerne
les capacités d'intégrations. Et enfin Axio
Suite d'Evoke est le quatrième composant qui permet
de comprendre la politique appliquée aux données
et de les faire correspondre entre elles. Leur outil permet
de les combiner entre elles et d'en produire des vues unifiées.
Ne
pensez-vous pas que des solutions complètes comme Niku
SRM puissent répondre d'une façon globale à
ces différentes problématiques en réduisant
les besoins d'intégration ?
Je ne pense pas qu'une seule
solution puisse couvrir tous les domaines que je vous ai cité.
Ce que je pense est que les systèmes doivent être
intégrés dans une approche best-of-breed. Du
reste, il est très difficile de tout couvrir dans une
compagnies financières qui dispose d'un très
grand nombre de systèmes. C'est donc le gros problème.
Il faut raccorder les anciens systèmes aux nouveaux,
et les nouveaux avec les nouveaux. Si vous ne le faites pas,
votre approche ne sera pas holistique.
Enfin,
tout ceci ne met-il pas de côté les PME dont
les ressources sont plus limitées ? Comment voyez-vous
leur avenir ?
Les grandes entreprises se sont
préparées à d'importantes dépenses,
et continuent de grossir par le biais de fusions et d'acquisitions.
Il est évident que celles-ci ont un intérêt
plus grand envers le CRM puisqu'elles achètent et qu'elles
vendent plus que les petites entreprises. Mais les PME peuvent
aussi identifier des marchés de niche et des habiletés
particulières. Et pour elles, il est plus compliqué
d'investir dans ces systèmes. C'est pourquoi je pense
qu'elles ont davantage besoin d'une solution tout intégrée.
Ou alors, elles peuvent bénéficier d'une version
plus packagée d'une solution qui s'adresse à
de grandes entreprises. Sinon, cela justifie un trop grand
montant de dépenses d'intégration. Mais pas
tant que cela, puisque leurs applications sont aussi plus
simples à intégrer.
Dans ces domaines, IBM ne développe pas d'applications,
et le marché du CRM connaît aussi une consolidation.
Ainsi, il existe des Siebel Marketing, et des Siebel Analysis
construits sur des rachats, et des acteurs comme Kana et Broadbase
ont fusionné. Tout comme les autres fournisseurs, ils
développent aussi de la gestion de campagnes marketing
en temps réel. Et chacun propose des prix spéciaux
pour les PMEs avec des fonctions plus réduites.
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