L'augmentation continue
des volumes de données à stocker liée
au développement des systèmes d'information
des entreprises
pose de nouvelles interrogations sur les technologies
de stockage. L'affluence des visiteurs sur le salon
Stockage 2001 le mois dernier en a témoigné,
avec des thèmes vedettes (virtualisation, sauvegarde,
SAN, etc.).
Les évenements dramatiques de New-York le 11
septembre dernier, ont également rappelé
que la sécurisation et l'archivage du capital
intellectuel des sociétés pouvaient malheureusement
revêtir un caractère crucial dans certaines
circonstances imprédictibles.
Pour
tenter de faire un premier repérage des enjeux
de ce marché, nous avons posé quelques
questions à Philippe Nicolas, président
de la branche française de la SNIA (Storage Networking
Industry Association) qui fédère plus
de 240 sociétés du secteur dans le monde
et une quarantaine aujourd'hui en Europe.
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Solutions: Quel est le rôle de la SNIA ? Qui sont
ses membres en France ?
Philippe Nicolas :
La SNIA
est une association internationale à but
non lucratif qui a pour objectif d'assurer de façon
indépendante la promotion du stockage auprès
des acteurs du marché - clients et fournisseurs.
Nous avons quatre missions principales : la première
de vulgarisation, en créant des modèles
et des méthodes pour faciliter la compréhension
du stockage. La seconde consiste à faciliter
l'évolution de standards communs; nous ne sommes
cependant pas prescripteurs, et nous nous contentons
de suggérer des propositions que d'autres organismes
décideront ensuite d'entériner ou non.
En outre, nous essayons de promouvoir comme je le disais
le stockage en réseau auprès de la communauté
informatique en général. Enfin, la SNIA
travaille à la mise en place d' un programme
de certification en collaboration avec un organisme
de formation afin d'éduquer nos membres et partenaires.
Nous comptons actuellement une trentaine de membres
en France parmi lesquels on peut citer de façon
non exhaustive : Atempo, Legato, Veritas, Adic, CommVault,
EMC2, IBM, HP, BMC, Sun, Fujitsu, HDS, LSI, STK, Brocade,
DataOne, Auspex, Cisco, etc.
Quelles
sont les attributions respectives des Etats-unis et
des délégations européennes de
la SNIA ?
La majorité des travaux et des recommandations
à proprement parler techniques émanent
des Etats-Unis où se trouve notre centre technique.
Les trois bureaux régionaux qui constituent l'entité
européenne de la SNIA (France, Allemagne et Royaume-Uni)
ont une mission de relais et de remontée d'information
auprès du siège central, afin, à
la fois de faire partager l'information en Europe, et
de permettre aux groupes Outre-Atlantique de tenir compte
des spécificités des marchés nationaux.
Quels sont actuellement les
sujets débattus au sein des groupes de travail
de la SNIA ?
Pour la France, nous avons défini 8 axes de réflexion
prioritaires : le stokage en réseau, qui
regroupe le stockage SAN (Storage Area Network) et le
stockage sur IP; la virtualisation (sur disques
ou sur bandes); la protection des données
(sauvegarde et restauration); le partage des données;
les outils de management des réseaux de
stockage; la sécurité; les techniques
de librairies de bandes et enfin le data management
(systèmes de fichiers). D'autres sujets sont
également discutés aux Etas-Unis, qui
peuvent être consultés sur le site américain
de la SNIA.
Selon
une étude
IDC parue en octobre, le marché global du
stockage devrait progresser de 96% d'ici à 2005,
notamment tiré par les logiciels d'administration
de stockage dont l'importance croît elle-même
avec le SAN. Qu'en pensez-vous ?
D'autres sources récentes estiment que pour 1
dollar actuellement investi dans le stockage hardware
(baies de disques ou bandes magnétiques), il
faut compter de 4 à 7 dollars pour gérer
ces matériels ensuite. La gestion du stockage
est donc effectivement à mon avis un vecteur
porteur pour toute l'industrie. Je ferais toutefois
remarquer à ce propos qu'avec la multiplication
des offres en la matière, les prix vont pencher
à la baisse dans les années à venir,
et que le ratio que je citais devrait logiquement aller
en diminuant.
On
parle beaucoup de "virtualisation" du stockage
depuis quelques mois en France. Pourtant, des cabinets
d'analystes
considèrent
que c'est un marché qui ne décollera pas
avant 2 ou 3 ans...
Il faut tout d'abord s'entendre sur ce que l'on nomme
virtualisation, car le concept est aussi vieux que les
mainframes en informatique. La SNIA a d'ailleurs décidé
d'adopter le terme d' "agrégation"
pour éviter les malentendus à ce sujet.
Par là, nous désignons la mise en relation
d'une vue physique du stockage avec une vue logique
de celui-ci, qui peut s'établir sur 3 niveaux
: serveurs, réseaux et périphériques.
Ce que l'on consate effectivement aujourd'hui c'est
que le marché n'a pas encore rejoint en maturité
les offres des éditeurs, et qu'il subsiste certaines
difficultés techniques à surmonter de
la part de ces derniers pour convaincre les entreprises.
Je pense en tout état de cause que les carnets
de commandes vont se remplir en 2002, et que les projets
vont être mis en place dès 2003. Les prévisions
de Forrester à cet égard me semblent donc
assez réalistes.
Existe-t-il
actuellement des différences notables sur la
façon dont les entreprises en Europe ou aux Etats-unis
et en Asie abordent le stockage ?
Pas à ma connaissance. Les problématiques
des utilisateurs sont récurrentes : l'administration,
l'intéropérabilité, le ROI, etc.,
sont des préoccupations universelles. Il est
vrai pourtant que concernant le back-up ou la virtualisation
par exemple, les fournisseurs de ces solutions etant
très nombreux aux Etats-Unis, les sociétés
y sont peut-être plus sensibilisées là-bas.
Quels
seront les premiers travaux ou résultats tangibles
de la SNIA en France ?
Outre
le séminaire que nous organisons le 30 octobre
prochain, plusieurs livres blancs (SAN, virtualisation
,etc.) sont en cours de finalisation en ce moment dans
les comités de rédaction européens
et français. Normalement, ces documents seront
prêts avant la fin du mois de novembre prochain.
La
SNIA prépare d'autre part chaque année
un séminaire en Europe, qui tourne d'un pays
à l'autren, et dont la prochaine édition
se déroulera à Cannes au mois de juin
2002.
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