Rechercher :         

Sociétés Prestataires Carnet Formations Progiciels Encyclo Fonds Guide d'achat Téléchargement
Interviews

Eric Joulié
Directeur Général France
KPNQwest

"Le marché des services IP va continuer de se concentrer"
          

La semaine dernière s'est avérée riche en rebondissements sur le marché des services IP pour les grandes entreprises et opérateurs. A l'annonce lundi de la dissolution de Concert dans ses deux actionnaires British Telecom et AT&T, a suivi vendredi celle du rachat par KPNQwest de l'opérateur IP européen Ebone et des activités de sa maison-mère GTS en Europe Centrale. A la cloture de l'accord en mars 2002, la joint-venture entre l'opérateur néerlandais KPN et l'américain Qwest devra émettre 210 millions d'euros en nouvelles obligations convertibles, et assumer 435 millions de dette bancaire et de prêts contractés par les entités européennes de Global TeleSystems. Mais d'ici mars, l'opérateur devra encore réunir un certain nombre de conditions : l'accord des comités de salariés des deux sociétés, et les approbations de la commission antitrust européenne, du tribunal de commerce chargé du dossier, et des actionnaires.

Au final, l'acquisition
pour un total de 645 millions d'euros a été saluée vendredi par une hausse du cours de KPNQwest sur le Nasdaq. Le matin même du jeudi 18 octobre, date du communiqué sur le rachat diffusé le lendemain, KPN revendait à Qwest 10 % de ses 44 % de participation dans leur joint-venture. Et l'on pourrait pressentir que cela ne va pas s'arrêter là. Pour revenir sur les tenants et aboutissants du rachat, nous avons interrogé le directeur général de KPNQwest France, Eric Joulié. En attendant la cloture de l'opération, il nous apporte sa vision de la consolidation du marché des services IP.


Propos recueillis par François Morel le 22 octobre 2001 .

JDNet Solutions: la fusion entre KPNQwest et la partie européenne de GTS (dont Ebone) ne crée-t-elle pas une série de redondances ?
Eric Joulié: Il y aura quelques synergies mais aussi une rationalisation. Sur la partie réseau, grâce à Ebone nous auront huit points de présence en Grande-Bretagne où nous n'en avions qu'un seul. Nous récupérons aussi une présence supplémentaire en Irlande, et en Espagne où notre réseau n'était pas déployé. En Italie, nous étions à Milan et nous nous étendrons jusqu'à Rome. Nous allons aussi avoir des points supplémentaires dans les Pays de l'Est, comme Bucarest en Roumanie, et Varsovie en Pologne où nous étions absent et que nous allons relier via Prague et Berlin. Enfin, la partie nord de notre réseau va connaître une extension et nous allons pouvoir depuis la Finlande nous connecter à St Petersbourg et Moscou. A titre indicatif, nous ne seront pas propriétaires de la fibre sur Budapest, Bucarest, Helsinki, Moscou et Varsovie.

Ensuite, le deuxième point concerne des capacités d'hébergement dans 14 centres en Europe, qui sont assez complémentaires des nôtres. A cela, il faut encore ajouter des réseaux métropolitains (MAN) en provenance d'Ebone dans 14 villes : Amsterdam, Berlin, Budapest, Düsseldorf, Francfort, Genève, Londres, Paris, Prague, Stockholm, Madrid, Milan, Vienne et Zurich. Enfin, nous récupérons preque 50 000 clients, ce qui va augmenter la récurrence de nos revenus de façon importante.

Cet été, vos actionnaires KPN et Qwest semblent avoir rencontré des difficultés, avec notamment une rumeur de rachat du premier. Comment se fait-il qu'à présent vous procédiez à une aussi importante acquisition ?
KPNQwest est une société à part entière. En tant que joint-venture entre KPN et Qwest, ces deux derniers interviennent dans la stratégie mais pas dans la gestion courante des opérations. Du reste, KPN avait décidé dans sa logique de désendettement de céder une partie de KPNQwest à Qwest et à son fonds d'investissement Anschutz. Ce qui a eu pour impact de modifier la composition du conseil d'administration. Aujourd'hui, celui-ci se constitue de trois représentants de Qwest, un de KPN et trois neutres.

Ceci dit, nous continuons d'être un actif très stratégique de KPN que nous utilisons toujours comme un important canal de distribution. KPN se dit complètement lié à notre objectif de chiffre d'affaires et nous sommes pour eux un vecteur important sur la partie Benelux. Du côté de Qwest, nous représentons un bras armé au niveau du continent européen.

Lorsque vous parlez de rationalisation, faut-il s'attendre à la fermeture de centres comme dans le cas récent d'Exodus avec GlobalCenter ?
Nous avons anticipé notre opération. Cela fait 6 mois que nous devions y procéder et que nous sachions les actifs que nous allions racheter. Maintenant, la véritable question est "est-il moins cher de construire soi-même ou d'acheter sur le marché ?". Alors, pourquoi faire plus cher avec des problèmes de timing, quand les actifs sont disponibles... Forcément, nous allons optimiser quelques routes, mais dans l'ensemble nous avons une complémentarité qui est très intéressante.

Prenons l'exemple français: nous avions une première tranche que nous devions augmenter à 10 000 m2 mais nous étions revenu sur cette décision. D'une part, nous nous sommes adaptés au marché, et d'autre part nous savions qu'il y aurait des actifs disponibles sur le marché parisien. Avec le rachat d'Ebone, il est clair que nous récupérons des actifs, et c'est vrai dans beaucoup de villes. Notre projet initial se montait à 18 centres, nous n'en avons construit que 6, et nous avons adapté selon les différents remplissages.

Les sociétés qui se sont trouvées ébranlées étaient dans le domaine de l'hébergement pur. Bon an, mal an, KPNQwest a continué de satisfaire les analystes. Parce que nous avons notre réseau, nous proposons une offre de services plus large et nous pouvons réaliser des arbitrages selon l'évolution du marché. Un client peut héberger chez nous son extranet et profiter de nos capacités pour se connecter. Nous avons des grands comptes du secteur des technologies de l'information qui ont choisi de ne plus avoir de salles, et ont vu l'intérêt de pouvoir connecter leurs gros clients à travers de l'ATM ou du VPN/IP, en bénéficiant de nos capacités d'hébergement et de nos accords de peering.

Soit. Mais il est difficile de croire que vous allez tout conserver, et qu'il n'y aura ni fermetures ni licenciements... ?
Pour l'instant, les synergies sont optimales. Derrière, nous allons former un groupe de travail jusqu'à l'acquisition définitive en mars, et les duplications seront étudiées. Il est trop tôt pour parler de surcapacité dans certaines villes, puisque ce travail sera réalisé dans les trois prochains mois. Pour les licenciements, c'est la même chose. Il est évident que nous n'aurons pas deux services clients et deux systèmes de facturation. En revanche, au niveau commercial, nous retrouvons des synergies, car nous étions peu implantés sur la partie WholeSale (Opérateurs et ISP), mais davantage auprès des grands comptes et du marché domestique. Au total, nous avions un peu plus de 100 000 clients et nous arriverons à 165 000 clients au terme de l'acquisition.

Pensez-vous que la consolidation va se poursuivre sur le segment des services IP ? Infonet, par exemple, serait aussi concerné par des rumeurs de rachat...
Je peux vous parler d'Ebone, mais sur Infonet je n'ai pas d'informations prépondérantes. Ceci dit, parmi les rachetés, on retrouve beaucoup de sociétés détenues par d'autres opérateurs. Quant à Infonet, ils travaillent beaucoup avec des accords de distribution en Europe où ils sont peu présents. En France, leur force de vente a travaillé avec celle de France Télécom. Au niveau des Pays-Bas, KPN veut se débarrasser de sa part dans Infonet (17,7 %, ndlr). Il est sûr que, en Europe, Infonet aura du mal tout seul à faire face, et il y aurait une logique de concentration.

En fait, il faut regarder avec un peu de recul les problèmes de toutes ces sociétés qui se basent sur des alliances. Le point de départ de KPNQwest est intervenu quand KPN est sorti meurtri de son expérience Unisource. Telefonica est parti rapidement, donc il n'y avait plus de points de présence en Amérique du Sud, puis AT&T est sorti en signant l'arrêt de mort d'Unisource. Cela m'amène à vous parler de l'affaire plus récente de BT Concert. Dans ces sociétés, le problème est que la décision est difficile à prendre en cas de partenariats entre des géants comme BT et AT&T. Ils ne profitent plus de la vitesse, et sont pris par des problèmes politiques plutôt que de réactivité du marché. Pour citer d'autres exemples, il y a aussi eu l'affaire de Global One qui a éclaté entre Sprint, Deutsche Telekom et France Télécom. A chaque fois que ces gros acteurs ont voulu créer des alliances, elles ont débouché sur des échecs. Je n'ai pas vu une seule alliance de ce type fonctionner.

Quelles sont pour vous les prochaines étapes ? D'autre part, Ebone semblait en bonne santé et n'était pas forcément vu comme candidat au rachat. Cette acquisition va-t-elle déséquilibrer vos finances ?
La première étape sera de réussir cette intégration. Ensuite, nous continuons de garder nos prévisions pour le quatrième trimestre sur la partie KPNQwest, avec des revenus de 780 millions d'euros et un Ebitda positif. Pour après, nous avons une vision positive du dossier. Bien sûr qu'il nous faudra tous les moyens. Nous récupérons en direct une base de 48 000 clients à qui nous pourront vendre d'autres produits. Nous aurons des destinations supplémentaires sans avoir sorti de cash, mais des obligations convertibles. Nous avons émis du papier auprès des créanciers de GTS a qui nous avons promis la rentabilité avec la distribution d'un coupon annuel (paiement distribué, ndlr).

D'un point de vue financier, il faut regarder un certain nombre de critères comme l'acquisition de parties complémentaires à nos infrastructures, le fait d'augmenter nos affaires, avec une notion forte d'Ebitda positif. Grâce à cela, nous pouvons anticiper le fait que notre activité d'exploitation génère une trésorerie positive qui nous permette de nous financer en interne. Souvent, une société consomme plus d'argent qu'elle n'en génère. Pour nous, un excédent brut d'exploitation positif est fondamental. Maintenant, nous ne visons plus la rentabilité en 2004 mais en 2003.

Les analystes de la nouvelle économie ont commencé à regarder le nombre de clients, puis le nombre d'abonnés avant de se tourner vers les revenus, qui s'ils augmentent traduisent un accroissement des parts de marché. Ensuite, ils se sont tournés vers l'Ebitda - les sociétés qui ont commencé à gagner de l'argent -, et enfin ils s'intéressent au cash flow (excédent brut d'exploitation) car il est de plus en plus difficile de se faire financer de l'extérieur. Nous concernant, un point crucial est que cinq grandes banques, dont Dresdner, la Deutsche Bank et Bank of America nous ont accordé une facilité de trésorerie de 500 millions d'euros. Or, c'est une facilité de caisse, et pas un endettement.

KPNQwest racheté, est-ce un scénario plausible ?
Nous sommes acteur de la concentration. Notre épicentre est en train de bouger. Dans le cadre du protocole entre KPN et Qwest, Qwest a la possibilité avant fin mars de reprendre tout le capital. Mais KPN dispose aussi d'un droit de préemption même s'il attend mars. Je ne peux donc pas vous dire...


Avant d'être nommé directeur général de KPNQwest en février 2000, Eric Joulié est entré chez l'opérateur IP en 1999 comme vice-président chargé du développement de l'activité commerciale sur l'Europe du Sud. De 1995 à 1999, il a été successivement directeur des ventes de la division "commerce spécialisé", puis directeur commercial chez le spécialiste en sécurité électronique Sensormatic Corp. Après avoir débuté sa carrière en 1985 en tant qu'ingénieur commercial au sein de la division Finance du constructeur Unisys, il devient ingénieur commercial senior chez Digital Equipment France en 1987, puis se voit confier en 1990 par l'opérateur AT&T la responsabilité de créer sa division "Grands systèmes sous Unix".

  Nouvelles offres d'emploi   sur Emploi Center
Auralog - Tellmemore | Publicis Modem | L'Internaute / Journal du Net / Copainsdavant | Isobar | MEDIASTAY



Gratuit - L'actualité des technologies
e-business

Toutes nos newsletters
 
 
 
 
 
 
Logiciels libres
Retours d'expérience, panorama, analyses.
Sommaire
 
Failles de sécurité
Vulnérabilités des logiciels & évaluation des risques.
Sommaire
 
 

Les entreprises de l'Internet
Plus de 5000 sociétés référencées

Les prestataires
Plus de 2600 prestataires

Les fonds
Plus de 100 fiches descriptives

Le carnet des managers Internet
Plus de 1500 dirigeants

Guide des solutions
Plus de 310 briques logicielles