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Simon Pollard
VP
& Service Director, European Research
AMR
Research |
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Simon Pollard, AMR Research
"L'avenir ? La fin de l'ERP monolithique et la multiplication des passerelles ouvertes"
04
décembre 2001 |
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Simon Pollard, AMR Research:
Lundi 3 et mardi 4 décembre, le cabinet AMR
Research tenait sa seconde conférence annuelle
européenne à Londres autour du thème
"Construire les champions pan-européens: stratégies
gagnantes pour l'e-business collaboratif". Une conférence
au cours de laquelle de grandes multinationales telles
que le britannique Unilever, l'allemand Wolkswagen et
le néerlandais Philips ont présenté
quelques-uns de leurs grands projets de transformation
e-business.
Parmi les différents intervenants, les éditeurs
Oracle, SAP, Ariba, Intentia et Manugistics ont aussi
évoqué leurs stratégies e-business
pour 2002, face à un public attentif comprenant
des têtes dirigeantes d'autres acteurs majeurs tels
I2 Technologies, JDEdwards, Peoplesoft et SeeBeyond. Au
programme de cet équivalent de la grand-messe Gartner
à Cannes, mais plus "rationnel et objectif"
selon certains, le vice-président et directeur
de service pour la recherche européenne d'AMR Simon
Pollard a abordé la transition de l'ERP traditionnel
(progiciel de gestion intégré) vers l'ECM
(Enterprise commerce management, lire
l'interview de Nigel Montgomery parue en juin). Sur
place, nous l'avons interrogé directement sur ce
thème. Point sur les obstacles et les facilitateurs
de l'e-collaboration. François Morel JDNet
Solutions: Le modèle ECM (Enterprise Commerce Management)
concerne-t-il tous les systèmes d'information ?
Et en quoi va-t-il remplacer l'ERP traditionnel ?
Simon Pollard:
Tous les processus métiers
("business process") que l'entreprise entretient
en interne et en externe doivent être modélisés.
Cette démarche prendra inévitablement du
temps. Mais elle est essentielle parce que les bénéfices
que recherchent les entreprises sont très importants.
A travers l'ECM, nous ne proposons pas un remplacement
de l'architecture mais plutôt sa réorganisation.
Dans sa tradition, l'ERP est bon pour gérer des
flux de chiffres, ce qui le rend attractif auprès
des responsables financiers. Et c'est son côté
intégré qui séduisait les directeurs
informatiques. Or, ces deux populations sont aujourd'hui
les plus conservatrices.
D'ici un à cinq ans, certaines entreprises en viendront
forcément à changer leurs progiciels de
gestion intégrés. Ceci dit, il faut garder
à l'esprit qu'elles ont besoin à la fois
d'un ERP et de l'ECM. Ce dernier leur apporte un modèle
par lequel elles peuvent relier ensemble des applications
best-of-breed, dont le progiciel de gestion intégré.
En particulier, si les entreprises veulent communiquer
avec leurs partenaires, il leur faut aussi pouvoir définir
quels sont les processus d'interaction à mettre
en oeuvre. L'avenir passe donc par la fin de l'ERP monolithique
et la multiplication des passerelles ouvertes. Ce qui
suppose des applications modulaires qui puissent interagir
dans une logique de collaboration "many to many".
N'avez-vous
pas l'intuition que les directeurs informatiques vont
céder plus rapidement au renouveau ?
Il s'agit d'une question
importante et pourtant rarement abordée. Je pense
en effet que les personnes chargées de la finance
resteront plus longtemps collées à la vision
du progiciel de gestion intégré traditionnel,
car elles ont la responsabilité du reporting des
performances envers le reste de l'entreprise. En attendant,
l'ERP aide les directeurs informatiques dans leur démarche
d'intégration des technologies entre elles. Mais
récemment, de nombreux progrès ont été
effectués notamment dans la documentation des processus
métiers, ce qui fait tomber certaines barrières
du côté des DSI.
Lorsque
l'on en vient au thème de la collaboration b-to-b,
l'on évoque souvent le peer-to-peer par les temps
qui courent. Comment le prenez-vous en compte ?
Le peer-to-peer suggère
deux interprétations différentes. D'une
part, il entre dans la prochaine génération
des technologies Internet au niveau des infrastructures.
Mais aussi, nous l'évoquons au niveau des architectures
applicatives. Pour partager la même architecture
entre deux postes clients, celle-ci doit fonctionner de
la même façon des deux côtés.
En
théorie, le modèle ECM prône la non-réplication
des données. Mais qu'advient-il dans le cas d'un
entrepôt de données ?
Dans l'entreprise, les données
sont au plus bas niveau de notre modèle de référence,
dans le système des enregistrements ("system
of records"). Les informations proviennent des bases
de données internes, mais aussi des partenaires.
D'autres sont récupérées directement
sur des postes clients pour permettre d'éxécuter
la transaction. Mais c'est seulement à un second
niveau que l'entreprise procède aux décisions
stratégiques. Evidemment, il s'agit de consolider
ces données dans un entrepôt pour les analyser,
et c'est pourquoi elle a besoin d'un outil de type ETL
(Extraction transformation loading). En résumé,
pour des tâches comme la planification, une seule
définition des données est requise. Mais
pour l'analyse, le besoin se porte sur la réplication.
Que
signifie le concept de collaboration analytique que vous
introduisez ? Cela est-il lié à un mode
de collaboration déconnectée tel que celui
envisagé suite à l'opération Microsoft/Groove
(lire
article) ?
L'analyse partagée
intervient si une décision doit être prise
en commun. Mais il faut définir à l'avance
qui doit prendre la décision: si c'est l'entreprise
elle-même ou plutôt le partenaire. Quant à
la collaboration suivant un mode déconnectée,
elle ne concerne que les processus décentralisés
et n'est intéressante qu'entre individus.
Dans un cadre collaboratif, les réseaux pour la
gestion de données sophistiquées reposent
parfois sur une architecture IP, et passent parfois par
des données consolidées. Vis-à-vis
d'une application non intégrée, cela devient
difficile. Et il faut exploiter des capacités sur
le réseau pour mener des analyses très complexes.
Cela concerne les structures où nous retrouvons
un très grand nombre d'applications, avec des partages
sur les systèmes ERP. La collaboration dans le
contexte de l'ECM requiert les dernières évolutions
technologiques comme le many-to-many, le peer-to-peer,
la modularité, les architectures n-tiers, mais
aussi l'information aggrégée. Par exemple,
dans un processus qui touche à la planification
de la chaîne logistique (Supply chain planning),
l'entreprise peut avoir besoin d'un inventaire. Si celui-ci
existe dans un datawarehouse, c'est plus facile que dans
un contexte éclaté.
Peut-on
dire que l'intégration des systèmes éclatés,
internes et externes, est le principal obstacle à
l'ECM ?
Les deux grands problèmes
sont en effet l'intégration, mais aussi les standards.
Or, nous identifions plusieurs grands niveaux de standards:
tout d'abord, ceux qui touchent au développement
des applications comme .Net, Java, la modélisation
(UML), XML et Biztalk. Mais aussi les standards pour la
transmission, et ceux ayant trait aux données.
Certains existent, et d'autres non. Tout sera plus simple
quand ils auront été définis.
En fait, la situation est la même que lorsque vous
achetez un ordinateur et que vous ayez besoin d'y brancher
une imprimante. Un pilote standard est fourni par Microsoft,
mais qui ne prend pas en compte toutes les fonctions de
l'imprimante. Celui fourni par le constructeur, en revanche,
apporte la capacité de gérer toute la complexité
du périphérique. Et il en est de même
verticalement dans l'industrie pour définir la
communication entre vendeurs et acheteurs. Ici, l'ECM
offre justement l'opportunité de s'appuyer sur
des standards.
Bon.
Mais quel est le niveau d'intégration requis entre
les applications, et avec l'ERP ?
Nous travaillons aussi bien
avec les éditeurs de logiciels qu'avec les sociétés
de service et de très grands comptes pour identifier
ce qui doit être basé sur les réseaux,
sur la transmission, etc. Dans certains cas, nous pouvons
nous trouver dans une situation où les processus
n'ont pas forcément de relation avec l'ERP.
D'autre part, prenons l'exemple de l'éditeur spécialisé
dans la chaîne logistique WeSupply, qui fournit
une plate-forme de collaboration orientée vers
l'industrie automobile. Celle-ci gère aussi bien
l'expression de la demande, que le passage d'ordre, les
aspects clients, etc. Lors de l'implémentation
de cette solution vient inévitablement la question
du nombre de systèmes à intégrer
et de la profondeur de cette intégration. Sur 40 projets
concernés, parfois seuls 10 % ont besoin d'être
intégrés étroitement. L'entreprise
se focalise sur les bénéfices qu'elle peut
en retirer. Si elle souhaite un processus d'approvisionnement
complètement pris en charge, une plate-forme de
collaboration logistique devra être définie.
Mais du coup, les priorités vers l'ERP et le back-office
seront situées à un niveau très bas.
Entre un constructeur automobile et un fournisseur de
pièces détachées, l'intégration
est moins importante lorsque le processus de collaboration
est supporté.
Quant
aux entreprises qui "font" de l'EAI à
partir de systèmes ETL, devront-elles revoir leur
façon de procéder ?
Je pense que beaucoup plus d'entreprises aujourd'hui pratiquent
l'intégration au niveau des données que
dans un contexte EAI. La gestion des données à
travers les réseaux va continuer à se développer.
Et il faudra de nombreuses années avant que cela
ne change. Cela dépendra aussi des bénéfices
qu'elles peuvent en retirer. En ce qui concerne AMR Research
et l'ECM, nous ne sommes pas rigides sur les technologies
elles-mêmes. Le premier objectif est de supporter
les transactions, et le second de pouvoir procéder
à l'analyse. Ce que nous essayons de fournir est
un environnement qui permette de définir les priorités
sur ce qui va changer. Car la gestion des réseaux
de fournisseurs, par exemple, est un processus qui va
continuer à être de plus en plus optimisé
avec des objectifs métiers tournés vers
le partage des architectures.
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Propos recueillis par xxx |
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PARCOURS
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En tant que vice-président et directeur de
service, Simon Pollard est responsable de l'activité
de recherche d'AMR Research à travers toute l'Europe.
Auparavant, il a notamment été directeur
du marketing et des alliances d'EXE Technologies, directeur
global du développement des affaires de Baan, et
vice-président du marketing au niveau européen
chez Numetrix.
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