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Solutions: quelle sont les dernières tendances
technologiques que vous suivez actuellement ?
John Kopcke:
Nous renforçons
notre offre en direction de la notion de client léger
web, par opposition aux architectures client/serveur.
Et nous travaillons aussi la verticalisation pour répondre
à une demande croissante. Nous avons été
les premiers à offrir des applications destinées
à l'analyse financière qui ne réclament
aucun programme installé sur le poste client.
De plus, là où la plupart de nos concurrents
résolvent un problème particulier dans
l'entreprise avec leurs solutions, Hyperion propose
en direct un paramétrage des règles métiers,
en même temps que des partenariats avec des intégrateurs.
Avec le décollage de domaines applicatifs comme
la gestion de la chaîne logistique, de nouveaux
fronts apparaissent. Or, chaque application doit cibler
les besoins particuliers de chaque entreprise. Mais
la plate-forme doit rester standard. Ces derniers jours,
nous avons d'ailleurs levé le voile sur une plate-forme
de services et de logique applicative, en introduisant
une couche métier. Grâce à elle,
les autres applications peuvent réutiliser la
logique métier. Et sans elle, l'entreprise doit
modifier les autres applications.
Cette
plate-forme, s'agit-il de l'outil de modélisation
Hyperion Planning & Business Modeling que vous avez
récemment annoncé ? Avez-vous opté
pour UML pour la représentation graphique des
processus métier ?
Oui, il s'agit de cette
annonce. Pour procéder à des décisions
efficaces, le responsable d'activité a besoin
aussi bien des données que de la logique métier.
L'industrie peut améliorer son travail en partageant
les données et les règles métiers
que nous offrons. Quant à UML ou Merise, nous
utilisons un paradigme proche des utilisateurs, où
chaque objet est conçu en fonction d'une méthodologie.
Bien sûr, nous répercutons sur les ressources
les effets de la conception objet (object design), mais
le procédé est transparent pour l'utilisateur
et ne nécessite pas l'intervention d'ingénieurs.
Ce qui ne nous empêche pas de fournir aussi un
environnement destiné aux développeurs.
Avez-vous
l'intention de couvrir la totalité du spectre
des technologies décisionnelles, comme Oracle
par exemple ? Et cela ne vous rend-il pas concurrent
de vos partenaires ?
Autour de Essbase et de
notre plate-forme, qui sont nos technologies clefs,
nous développons des outils attractifs. Ce qui
importe, ce n'est pas le nombre d'outils que nous vendons,
mais leur efficacité. Et c'est aussi ce qui rend
Oracle attractif dans certains cas. D'autres éditeurs
ont peut-être aussi une interface plus graphique
que nous. Mais sont-ils aussi intégrables à
l'existant ? L'un de nos partenaires, par ailleurs,
est Lawson (éditeur de progiciels de gestion
intégrés, ndlr), avec lequel nous pouvons
entrer en compétition dans le monde du reporting
financier. Dans ce cas précis, il s'agit de coopétition.
Concernant ensuite le fait que nous ayons une offre
complète, il y a deux domaines que nous ne couvrons
pas pour l'instant. Le premier est l'ETL dévoué
à l'extraction de données, que nous n'avons
pas l'intention d'intégrer dans notre offre.
Ces outils n'interviennent pas seulement dans le contexte
de la business intelligence, et la dernière chose
que veut l'entreprise est d'avoir deux plates-formes
de ce type : une pour la business intelligence et l'autre
par exemple pour son ERP. Ensuite, nous couvrons les
requêtes et le reporting, mais pas sur des modèles
de données relationnels. En 2002, nous allons
nous étendre vers ces technologies avec une solution
qui soit en même temps multi-dimensionnelle et
relationnelle. Nous pensons que dans ce cadre, il est
très important de fournir une solution de bout
en bout.
Pouvez-vous
nous en dire plus sur cette extension vers les technologies
relationnelles ?
Aujourd'hui, Hyperion Essbase
peut s'interfacer avec de nombreuses bases de données
comme Informix RedBrick, Oracle, IBM DB2, Microsoft...
avec la possibilité d'aller y chercher des données.
La prochaine phase sera pour nous de pouvoir enregistrer
dans ces bases de données relationnelles. Les
deux premières concernées seront DB2 et
Oracle. La prochaine version de notre plate-forme permet
aussi au client d'enregistrer des modèles multi-dimensionnels
et relationnels, ce que nous étendons au support
de la requête et du reporting. Avec la première
évolution, nous répondons aux besoins
des responsables informatiques vis-à-vis de l'enregistrement
des données. Avec la deuxième, nous répondons
à la demande des utilisateurs métiers.
Pourra-t-on
alors vous retrouver en concurrence avec MicroStrategy
sur de gros volumes dans des bases relationnelles, par
exemple ?
Aujourd'hui, déjà,
nous sommes en frontal avec MicroStrategy sur certains
projets. Nous anticipons de plus en plus la transition
qu'effectuent ces éditeurs. Eux viennent d'un
côté et nous de l'autre. Il y a trois domaines
de prédilection pour les éditeurs positionnés
sur la business intelligence: le multi-dimensionnel,
le relationnel et les applications analytiques. Notre
stratégie est de couvrir les trois avec la plus
grande efficacité. .
Pour
en revenir avec la "coopétition" que
vous évoquiez, êtes-vous de fervents partisans
des architectures best-of-breed ?
Nous adoptons de façon
certaine les concepts du best-of-breed. Nous avons adapté
nos technologies pour qu'elles fonctionnent aussi bien
dans les environnements Microsoft que Java. Et de façon
systématique, nous accroissons notre support
des technologies .Net et J2EE. Maintenant, une chose
est de faire du composant dans du composant dans du
composant... Mais le best-of-breed correspond à
des architectures qui changent en permanence, et il
faut pouvoir évoluer d'année en année
sans tout remettre en question. Nous étions best-of-breed
en 1998 - Essbase l'est techniquement - et
nous continuons en 2001 et après, parce que nous
voulons fournir les meilleures solutions à nos
clients.
Quand
vous dites "supporter .Net", travaillez-vous
sur des Web Services spécifiques à la
business intelligence ?
Les Web Services n'en sont
aujourd'hui qu'à un stade conceptuel. Nous regardons
actuellement l'existant en la matière pour voir
comment les utiliser en interne, mais je peux vous dire
qu'ils n'en sont pas encore à un niveau très
avancé. Ceci dit, nous avons déjà
des offres spécifiques qui peuvent être
exploitées sous forme de Web Services. Aujourd'hui,
Microsoft Excel peut être intégré
à Essbase et pour cela, nous fournissons un Web
Service du nom de SpreadSheet Cap, qui est très
efficace.
Avez-vous
implémenté des protocoles et spécifications
verticales, comme XBRL dans le domaine du reporting
financier ?
Au niveau des protocoles,
Hyperion utilisera les standards industriels comme SOAP,
et XML for Analysis au niveau de SOAP pour produire
l'analyse. Un autre standard sur lequel nous travaillons
est JOLAP, qui est une spécification Java protocolaire
pour l'analyse multi-dimensionnelle. Nous nous voyons
comme la Suisse du logiciel: les environnements Microsoft
et non-Microsoft nous intéressent à l'identique.
Qu'est-ce
que ces technologies vont changer dans l'utilisation
de vos outils au jour le jour ?
Pour l'utilisateur final,
cela sera invisible. Mais cela lui permettra de prendre
de meilleures décisions, du fait que ces technologies
sont importantes à l'égard des systèmes
d'information, de leur gestion et de leur déploiement.
Les Web Services contribueront à baisser le coût
de possession ("cost of ownership") des applications.
Il est important pour une solution de business intelligence
de pouvoir s'adapter au nombre d'utilisateurs, qu'ils
soient 10 ou 2 000. Et ces technologies permettront
de s'adresser à plus d'utilisateurs dans l'entreprise.
D'autre part, l'entreprise étendue est la prochaine
frontière. Un collaborateur peut avoir à
participer à des analyses avec des partenaires
d'affaires qui ne sont pas forcément dans son
entreprise. Lorsque nous disons que nous voyons l'extension
de la base du nombre d'utilisateurs, cela ne concerne
pas seulement l'interne. La transition du client/serveur
vers le web au cours des dernières années
avait aussi cet objectif. Et l'accessibilité
des données est en phase d'adoption stratégique.
Quelles
sont les prochaines étapes de la stratégie
d'Hyperion ?
En tant que société,
nos prochains objectifs visent surtout à augmenter
nos parts de marché. Déjà 80 %
des entreprises du CAC-40 utilisent Essbase. Pour l'instant,
nous revendons en même temps des technologies
multi-dimensionnelles et des applications analytiques.
D'autre part, nous voulons étendre la mise en
commun des savoir-faire. Le fait de rester secret sur
le marché n'est pas forcément bon, car
tout le monde veut comprendre ce qui se passe. Nous
allons continuer aussi à regarder quels seront
les concepts qui permettront aux organisations de poursuivre
leurs avancées. Et bien entendu, nous voulons
être le leader du marché de la business
intelligence.
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