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Interviews |
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Gerry (Gerald) Cohen
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CEO
et fondateur |
Information
Builders
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"Nous
attendons de nouvelles consolidations sur le segment de
l'EAI" |
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Au final, les conséquences des terribles attentats
du 11 septembre n'auront pas été aussi
catastrophiques pour tous les secteurs de l'économie
du logiciel... à part pour les éditeurs
new-yorkais, entre autres, qui ont été rudement
touchés par la crise locale. Pour approfondir le
sujet, mais également faire le point sur les marchés
de l'EAI et de la business intelligence, nous avons interrogé
Gerry Cohen. Le CEO et fondateur d'Information
Builders, éditeur de référence
sur ces deux marchés respectivement avec ses offres
iWay
Software et WebFocus,
est aussi Chairperson (membre du conseil de directeurs)
de la New York Software Industry Association qui regroupe
environ 200 sociétés. Etat des lieux et
perspectives.
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Propos recueillis par
François Morel le 20
novembre 2001
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JDNet
Solutions: Quelles sont les suites des terribles événements
du 11 septembre sur le marché des logiciels,
à New-York et ailleurs ?
Gerry Cohen:
D'abord, il faut que je vous
livre le contexte. A New-York, il y a environ 4 000 entreprises
qui travaillent dans le secteur des technologies de l'information.
La plupart sont de petites sociétés d'une
dizaine de personnes, qui emploient souvent des développeurs
externes. Cela représente environ 25 000 et
6 500 personnes en tout, soit environ 5 % de
l'industrie new-yorkaise qui compte 5,5 millions
de travailleurs. Ici, les salariés sont très
bien payés. Après le 11 septembre,
le ralentissement de l'économie a surtout fait
que les entreprises ont licencié beaucoup de monde,
ce qui a aggravé le chômage. Or, le fait
de garder l'industrie IT en bonne santé est très
important pour l'économie. En dehors de New-York,
bien sûr, les conséquences ont été
moins dramatiques dans l'industrie du logiciel, notamment
du fait que cela fait un an que la dépression est
engagée.
D'une
manière générale, quels sont les
segments les plus touchés, et ceux qui tirent le
mieux leur épingle du jeu ?
L'industrie du logiciel est
en baisse mais plus du fait de l'économie. Le secteur
le plus touché est sans aucun doute celui des télécommunications.
Et c'est la sécurité qui progresse le plus.
Les systèmes biométriques comme la reconnaissance
d'empreintes, les produits capables de reconnaître
le visage d'une personne et tous les systèmes d'identifications
personnelle explosent littéralement. Et les américains
sont leaders dans ce domaine.
Que
se passe-t-il sur le segment de l'EAI ? Et comment se
positionne votre filiale spécialisée iWay
Software dans ces tendances ?
L'EAI est très porteur,
mais le nombre d'éditeurs proposant des offres
est trop important. Nous voyons donc une consolidation
avec des rachats comme celui de CrossWorlds par IBM. Nous
nous attendons à ce que de nouvelles consolidations
soient annoncées. Mais pas en ce qui concerne iWay
Software, car nous sommes fournisseurs de technologies
en OEM à des Microsoft et des IBM. Le domaine de
l'EAI comprend désormais des concentrateurs de
langages b-to-b, et nous sommes davantage dans les composants
de plomberie.
Au niveau des technologies, l'EAI et le b-to-b convergent.
Toutes les technologies sont centrées sur Java,
sauf concernant Microsoft .Net. Entre les deux, il n'est
pas question d'efficacité puisque les deux le sont.
En particulier Biztalk est très significatif pour
les grandes entreprises. Dans ce domaine, nous avons un
accord avec Microsoft et nous sommes l'une des trois sociétés
qui avons signé à ce sujet (en date de l'interview,
ndlr).
Pensez-vous
qu'IBM va continuer à racheter des acteurs de l'EAI
? Et Microsoft ?
L'EAI a commencé à se consolider, et Biztalk
aura un impact très important sur le marché.
Cette technologie est sortie en octobre et grâce
à elle, Microsoft va faire un grand saut dans le
domaine de l'intégration. Bien sûr, je pense
qu'IBM pourrait toujours se porter acquéreur d'un
autre acteur. Microsoft a aussi des partenaires, mais
pour l'instant il n'a racheté personne. Maintenant,
je ne serais pas surpris que cela arrive.
Vous
êtes également présent dans le domaine
de la business intelligence: comment se comporte ce segment
? Vous attendez-vous aussi à des consolidations ?
Effectivement, nous y participons
à travers notre composant de reporting temps réel
WebFocus. Ce marché se porte bien, mais il y a
beaucoup de compétition. Cependant, je ne pense
pas qu'il y aura de consolidation, car elle a déjà
eu lieu. Dans l'EAI, on peut compter 25 éditeurs
majeurs contre une dizaine seulement dans la business
intelligence.
Au
niveau des applications e-business, dans quel sens la
demande évolue-t-elle ?
Nous observons un intérêt
beaucoup plus grand dans le BPM (Business process management)
qui comprend un ensemble de composants logiques pour éxécuter
les applications. Ce domaine correspond aux technologies
qui permettent de décrire la logique et les processus
métier. Les outils de ce type proposent de décrire
tous les besoins nécessaires à la prise
en compte de la logique métier. C'est le prochain
niveau applicatif. Les autres tendances se dessinent à
travers des solutions point-à-point, plus larges
et plus ambitieuses.
Dans
tous ces domaines, mais aussi pour certains grands acteurs
comme Siebel ou SAP, voyez-vous des différences
entre les marchés américain et européen
? Et qu'en est-il de l'adoption de Linux de chaque côté
de l'Atlantique ?
Siebel marche bien aux Etats-Unis,
mais aussi dans les multinationales du monde entier. Du
côté des ERP, il y en a beaucoup plus en
Europe. Et c'est pourquoi SAP, qui est allemand, a plus
de succès sur le continent européen. Maintenant,
je ne pense pas que la différence soit aussi radicale.
Dans l'EAI, je vois très peu de différences,
et dans la business intelligence nous travaillons sur
des projets équivalents partout dans le monde.
Mais peut-être est-ce parce que nous travaillons
beaucoup pour des compagnies multinationales et qu'elles
nous aident à tenir compte des spécificités.
En fait, je pense que nous voyons se développer
une plus grande convergence entre les différents
marchés. Quant à Linux, il est très
populaire ici. Notre produit WebFocus est très
répandu sur ce système d'exploitation. Chaque
entreprise dispense des formations Linux. Mais aussi,
le monde Linux est beaucoup plus rattaché à
IBM et aux boîtes noires Intel.
Au
sujet des autres tendances, quels développements
technologiques voyez-vous
émerger ?
Nous allons observer un grand
tournant dans les 12 mois car les entreprises dépendent
de plus en plus de leurs logiciels. Et nous tentons de
prévoir ce qui va arriver par rapport à
cela.
En
ce qui concerne Information Builders, quel est le futur
proche ? En plus de l'ETL et de l'EAI, iWay va-t-il aussi
devenir un concentrateur b-to-b ?
Nous sommes en train de nous
étendre sur le plan géographique.
Nous préparons aussi une nouvelle version de WebFocus,
et la version 5 de iWay. Ce seront deux versions majeures.
Ensuite, une partie de la technologie iWay est aussi dans
WebFocus: les deux produits partagent l'accès et
l'intégration au niveau des données. L'autre
partie constitue plutôt un borker de messages. iWay
travaille avec de grands éditeurs comme BroadVision,
Siebel, SAP... pour le transfert applicatif de messages
et les transactions. Pour SAP, nous avons aussi un composant
ETL.
Enfin, en matière de concentrateurs b-to-b, nous
revendons en direct la technologie IBM Websphere dans
ce domaine qui porte le nom MQSI. De notre côté,
nous avons déjà un autre type de concentrateur
qui est un moteur de transformation. Nous pouvons, par
exemple, transformer des flux EDI en XML, ou plusieurs
spécifications XML de l'une à l'autre. Concernant
MQSI, il s'agit plus exactement d'un broker b-to-b qui
contrôle les queues de messages. Mais cela ne suffit
pas. Il faut aussi des adaptateurs pour parler à
Peoplesoft, CICS, etc. Et là, nous proposons plus
de 140 adaptateurs pré-programmés.
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Co-fondateur de Information Builders en 1975, "Gerry"
Gerald D. Cohen en est aujourd'hui le président
et CEO (président-directeur général).
A ce titre, il est également CEO de sa filiale
iWay Software positionnée sur l'EAI. Né
à Manhattan, il fait partie du conseil de directeurs
de la New York Software Association au titre de Chairperson.
Ses contributions à l'économie et au développement
professionnel de la ville ont été reconnue
officiellement par son maire sortant Rudolph Giuliani.
En mars dernier, il a été honoré
de l'Award for Excellence in Technology décerné
par l'Académie des Sciences de New-York. Il est
diplômé en recherches opérationnelles
à l'Université de Columbia, et en études
libérales du St John's College de Santa Fe.
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