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Interviews |
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Jacques Libeyre
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Directeur
eBusiness solutions EMEA
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PeopleSoft
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"Nous
pensons que le SRM sera le grand boom des prochaines années" |
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Parmi les participants à la conférence de
début décembre organisée par AMR
Research, l'on pouvait compter plusieurs éditeurs
d'ERP dont PeopleSoft.
En juin dernier, le directeur de recherche Applications
eBusiness du cabinet d'études Nigel Montgomery
nous avait cité le nom du géant américain
des progiciels de gestion intégrés comme
participant à la mise en conformité de son
offre au modèle architectural ECM (Enterprise commerce
management). Moins médiatisé qu'un SAP ou
qu'un Oracle, PeopleSoft n'est pourtant pas en reste sur
les projets de mise en oeuvre de places de marché.
Futur de l'ERP, applications e-business et plates-formes
b-to-b... font clairement partie intégrante de
la vision de l'éditeur. Jacques Libeyre,
son directeur eBusiness solutions sur la zone couvrant
l'Europe, le Moyen-Orient et l'Afrique, nous dévoile
cette vision pertinente qui est la sienne.
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Propos recueillis par
François Morel le 20
décembre 2001
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JDNet
Solutions: Quelle a été la raison de votre
participation à la conférence AMR Research
(qui s'est déroulée au début du mois)
?
Jacques Libeyre:
La première
raison de notre participation est bien sûr d'observer
les tendances annoncées par les analystes. Parfois,
les déclarations sont tout à fait marketing.
Mais aussi, et notamment ici, nous pouvons trouver de
véritables analyses de fond avec des chiffres pertinents.
D'autre part, nous nous intéressons beaucoup aux
problèmes que rencontrent les places de marché
publiques. Beaucoup d'entreprises n'y ont pas trouvé
la synergie qu'elles recherchaient, et se sont résolues
à se tourner vers les places de marché privées
pour bénéficier des services à valeur
ajoutée. Du reste, je crois davantage à
la capacité des places de marché privées
de s'interconnecter avec des partenaires multiples.
Selon
vous, les places de marché privées ont donc
pour vocation de disparaître... ?
Définir ce que sont les places de marché
publiques dans leur ensemble est quand même un exercice
ardu. Il existe d'énormes différences entre
Covisint, qui fédère des services très
stratégiques pour les entreprises, Transora qui
ne fournit principalement que du contenu très partiel,
et Answork qui représente un consortium avec peu
de transactions même si sa stratégie a été
confirmée récemment.
Je dirais que certaines vont marcher et d'autres pas.
Mais aujourd'hui, nos projets s'orientent principalement
vers les places de marché privées. Les publiques
sont souvent nées au travers d'un objectif pervers,
et leur avenir est intimement lié au rejet de leur
modèle économique. Beaucoup ne peuvent pas
perdurer, ce qui est forcément lié au fait
que les entreprises veulent garder le contrôle de
leur business. Une multinationale comme Unilever, par
exemple, regarde ce qui se passe sur des places de marché
publiques, mais construit des places de marché
privées pour mener ses affaires.
Vous
avez annoncé il y a quelque temps la sortie de
PeopleSoft SRM. Pensez-vous que ce domaine des applications
e-business va tenir toutes ses promesses ?
Le SRM (gestion des relations
fournisseurs) regroupe tout ce qui a trait à la
relation de l'entreprise avec ses partenaires, y compris
la mesure de leurs performances et la gestion d'appels
d'offres complexes. Dans ce domaine, les technologies
web sont très efficaces pour trouver les bons fournisseurs
et les comparer de façon ouverte ou fermée.
A ce jour, les entreprises ont assez peu réfléchi
à ces questions et commencent à peine à
en tirer des bénéfices. Nous pensons que
le SRM représente le grand "boom" de
ces prochaines années. Par rapport au CRM sur lequel
beaucoup d'entreprises ont été déçues
par le retour sur investissement, celui procuré
par le SRM est plus rapide et plus élevé.
Les
entreprises déçues par le CRM... pourquoi
dites-vous cela ?
Je ne dis pas qu'elles ont
été déçues par la gestion
de la relation client, mais par les promesses qui étaient
faites à propos du retour sur investissement. Je
dis simplement que le marché qui optimise les relations
avec les fournisseurs est extrêmement important.
Les chiffres dévoilent que les entreprises vont
investir autant dans ce domaine que dans d'autres. Maintenant,
l'histoire passée montre qu'il ne faut pas toujours
tout prendre au pied de la lettre. Mais les porte-feuilles
de mission des grands du conseil sont fortement teintés
de SRM aujourd'hui.
Vous
évoquiez l'évaluation des performances des
fournisseurs. Quel est le principal écueil à
la mise en place de ces technologies ? Votre offre couvre-t-elle
tout le panel analytique ?
Dans ce domaine, il faut tenir
compte de la complexité de mise en oeuvre et les
projets sont assez longs. Chez PeopleSoft, nous avons
une offre EPM (Enterprise performance management) avec
nos propres outils d'analyse autour d'un entrepôt
de données maison. L'outil d'extraction de données
que nous proposons est Informatica. Concernant l'entrepôt
de données, nous savons produires des cubes pour
tous les produits en vente sur le marché. Nous
offrons aussi la possibilité de générer
des balanced scorecards (tableaux d'évaluation)
ou d'aller plus loin dans l'analyse. Ici, par exemple,
Business Objects est l'un de nos partenaires. Ensuite,
le data mining est parfois couvert par nos applications
propres. Aujourd'hui, nous fournissons des applications
analytiques dans toutes nos solutions. Mais nous travaillons
plutôt dans une logique OLAP.
Revenons
aux places de marché. Quel est le principal enjeu
lors de la mise en place des plates-formes sur lesquelles
elles s'adossent ?
L'entreprise qui veut tirer
parti des applications doit mettre en oeuvre l'infrastructure
complexe qui va avec. Lorsqu'elle acquiert de nouvelles
technologies, il faut des personnes pour les implémenter,
avec un coût extrêmement important qu'il faut
évaluer au début du projet. Il s'agit d'élaborer
ce qu'on appelle le TCO, ou Total cost of ownership. Or,
les entreprises ont souvent tendance à sous-estimer
ces coûts de possession ainsi que les compétences
nécessaires pour la mise en oeuvre des applications.
Les premières initiatives autour des places de
marché ont rencontré des problèmes
énormes en matière de sécurité.
Or, cette considération n'est pas neutre en terme
de temps passé sur la mise en oeuvre, et elle est
comprise comme telle.
A
combien estimez-vous le nombre de projets actuels liés
à l'e-procurement sur des places de marché
privées parmi les plus grandes entreprises dans
le monde ?
Elles sont plusieurs centaines
à avoir mis en place ou initié ce type de
projets. Maintenant, certaines entreprises se demandent
en ce moment si elles sont mûres ou si elles doivent
encore favoriser leurs processus de fonctionnement. La
plupart des grands comptes sont arrivés à
maturité pour ces projets. Et cela génère
beaucoup plus de demande que le nombre de celles auxquelles
les éditeurs sont capables de répondre en
simultané. En Europe, les grandes entreprises qui
ont créé ou lancé des structures
de compétences adaptées à ces projets
sont majoritaires.
Aujourd'hui,
peut-on dire que PeopleSoft est un concurrent frontal
de I2 dans le domaine de la collaboration b-to-b ?
I2 Technologies s'est étendu
au delà de la gestion de la chaîne logistique
avec les acquisitions de Aspect Development et RightWorks.
Son principal problème a été de parvenir
à des systèmes globaux intégrés.
I2 avait une vision phénoménale sur les
concepts autour des places de marché, mais une
certaine incapacité aussi à les éxécuter
à l'époque. Ils ont de très bons
résultats, mais avec un petit nombre de contrats.
PeopleSoft est à l'opposé de I2. Pas sur
les modes de collaboration que nous adressons tous deux,
mais vis-à-vis de notre concept de "Trading
Exchange Services". Celui-ci correspond à
une configuration qui permet à l'entreprise de
souscrire avec quels standards elle souhaite dialoguer
avec ses partenaires. Techniquement, il s'agit d'une plate-forme
d'échange many-to-many qui nous donne la possibilité
de traiter les évolutions en rapport avec l'ECM.
Au départ, nous sommes davantage dans un monde
ERP, mais nous fournissons aussi une logique de services
à valeur ajoutée. Et l'idée avec
laquelle nous avons construit cette plate-forme d'échange
est assez claire sur nos objectifs. Compte tenu de cela,
nous allons nous focaliser beaucoup sur le SRM car il
s'agit d'un moyen de mettre en évidence cette technologie.
Qui
sont les acteurs que vous rencontrez le plus sur ces projets
?
Aujourd'hui, en terme de plate-forme,
nous sommes les meilleurs grâce à des technologies
comme celles que je viens de vous citer. Et face à
nous, nous avons trois typologies d'acteurs concurrents:
en premier les I2, Ariba, Commerce One... en deuxième
les places de marché elles-mêmes... et en
troisième les autres qui viennent du monde de l'ERP.
Sur ce dernier segment, notre concurrent le plus fort
est SAP. Quant à Oracle, nous les rencontrons beaucoup
moins.
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Avant d'intégrer PeopleSoft au début
de l'été 2001 comme directeur eBusiness
Solutions pour la zone couvrant l'Europe, le Moyen-Orient
et l'Afrique, Jacques Libeyre avait effectué
un court passage dans les rangs de l'équipe dirigeante
de I2 Technologies en Europe. Il avait rejoint l'éditeur
après son acquisition de RightWorks chez qui il
occupait le poste de directeur expert places de marché.
Auparavant, il avait déjà travaillé
chez PeopleSoft où il s'intéressait à
des sujets comme l'évolution des ERP dans la Net-Economie.
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