JDNet
Solutions. Comment avez-vous été amené
à vous orienter vers les Web Services ?
Didier Lambert.
J'ai suivi de très près les travaux
de standardisation menés dans le domaine de l'intégration
d'applications inter-entreprise. Après l'EDI
(NDLR: Electronic Data Interchange) avec EDIFACT,
j'ai notamment été sensibilisé
par les chantiers de normalisation des messages XML
et les projets de Tim Berners-Lee, fondateur du W3C,
autour de la sémantique Web. Cette démarche
m'a conduit à développer une réflexion
autour des Web Services, puis sur la manière
dont ils pouvaient s'intégrer à notre
architecture pour répondre à nos enjeux
d'intégration interne et externe.
Quelles
sont les problématiques d'intégration
auxquelles vous faites face ?
Aux
côtés des verres "finis", Essilor fabrique
également des verres "semi-finis", à hauteur
de 4 millions chaque année. Une catégorie de produits
qui est exploitée ensuite par nos laboratoires pour
fournir les opticiens en fonction de demandes client
particulières. Nous livrons ces articles en quelques
jours. Ces conditions de production
nécessitent de réaliser des verres sur mesures en
flux tendu. Pour l'heure, un programme de calcul
se charge d'optimiser nos processus de conception en
fonction de données communiquées par les ophtalmologistes
et les opticiens, puis de communiquer leurs résultats
aux machines de production.
Le programme en question est intégré à diverses applications
que ce soit en interne (centre d'appels, etc.) ou chez
les clients (chaînes de distribution, etc.). Le tout
pose plusieurs problèmes, quant à la diffusion
du logiciel et l'administration des mises à jour notamment.
Suite à ces constats, nous avons décidé de tirer partie
des Web Services pour centraliser notre outil de calcul
et le distribuer par le biais de ce nouveau type d'interface
XML. Mais également remplacer le système de commandes
que nous proposons jusqu'ici aux clients (une solution
basée sur un réseau X.25 et des documents EDI).
Quelles
ont été les technologiques retenues pour
ces projets ?
Nous
avons travaillé avec Cross Systems à la
mise au point d'un prototype. Le choix de l'infrastructure
est passé par la constitution d'un groupe de
travail franco-américain. Côté technologie,
nous avons opté assez rapidement pour le format
de messages SOAP (NDLR: Simple Object Access Protocol).
Pour ce qui est de la plate-forme d'intégration,
un appel d'offres a été mené -
notamment auprès de Microsoft (.Net), BEA Systems
(BEA Weblogic), Oracle (Oracle 9IAS) et IBM (WebSphere).
Nous avons finalement retenu l'environnement .Net.
Pourquoi
avoir choisi la plate-forme de Microsoft ?
Cet éditeur avance une architecture
développée ex nihilo. A la différence de produits
composés de briques ajoutées après coup, .Net se caractérise
donc par une assez bonne cohérence. Cette solution affiche
aussi un prix relativement bas - un aspect pondéré,
il est vrai, par une politique de licences qui peut
inquiéter. Au delà de ces deux avantages,
nous avons été avant tout sensibles à
la productivité offerte par les outils de Microsoft
en termes de développement et de déploiement
d'applications. Ce point fort nous a d'ailleurs été
prouvé par la rapidité de la firme à
répondre à notre demande de maquette.
Où
en sont ces différents projets aujourd'hui ?
Le déploiement du nouveau système de
commandes débutera en Espagne début 2003. Cette
solution devrait être ensuite étendue à l'ensemble de
nos implantations en Europe. Concrètement, elle permettra
aux clients de connecter leurs outils de commandes à
nos applications par le biais d'interfaces de Web Services
(basées sur un réseau IP). Quant au programme de calcul
distribué, il sera mise en place dans les années qui
viennent.
Parallèlement à ces divers
travaux, que nous menons en lien avec Cross Systems,
nos équipes sont entrain de se former en vue d'exploiter
au mieux cette nouvelle méthode d'intégration.
A plus
long terme, quelles pourraient être les conséquences
de ces déploiements sur le système d'information
d'Essilor ?
Les Web Services représentent
le mouvement le plus important connu par l'informatique
depuis une vingtaine d'années. Comment pourrait-on
redessiner l'architecture d'Essilor et concevoir nos développements
futurs à partir de ce nouveau paradigme ?
Les possibilités qu'il offre sont immenses. Je
pense que cette nouvelle interface, par sa grande souplesse,
annonce la mort des solutions d'intégration d'applications
d'entreprise (EAI) et des progiciels de gestion intégrée
(ERP), qui tous deux ont prouvé leur limite. En
centralisant en un seul point l'ensemble des critères
de dialogue inter-applicatif, les premiers sont devenus
des tours de babel. De leur côté, les seconds
obligent à activer, notamment lors de mises à
jour, des procédures de synchronisation complexes
impliquant plusieurs applications d'entreprise.
A
l'instar de ces solutions, les Web Services représentent
une architecture flexible permettant d'instancier très
simplement des objets métier distribués,
puis de les réutiliser et de les agencer à
la demande de façon entièrement modulaire
en fonction de l'évolution des problématiques.
Cette vision n'empêche pas d'être réaliste
quant aux premiers projets que nous lançons. Comme
tout entreprise qui opte pour une nouvelle technologie,
nous nous attendons à essuyer les plâtres
en faisant face à certains problèmes...
Une
architecture 100% Microsoft
Essilor a retenu Cross Systems pour
l'épauler dans la mise en oeuvre de ses deux
projets. Cette société de services
est notamment intervenue pour concevoir le pilote
de l'application de commandes. Par la suite, elle
a également participé aux phases d'intégration
et de tests de montée en charge.
Qu'en est-il de l'architecture de la solution ?
Les logiciels de commandes client se connecteront
par le biais de Web Services à une couche
applicative (C#) basée sur un serveur Windows
2000. Ce dernier dialoguant avec un frontal Web
(sous Windows NT) lié par le même mécanisme
aux différents systèmes du groupe
(AS400, HP 3000, etc.). "La principale difficulté
du projet aura été de connecter les
services Web à cet existant", commente
t-on chez Essilor. |
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