INTERVIEW 
 
Président
Syntec informatique
Jean Mounet
Une plus grande flexibilité du travail est nécessaire à notre secteur
Tout récemment élu à la présidence de Syntec informatique, Jean Mounet a immédiatement lancé de nouveaux chantiers, dans des directions aussi variées que l'offshore, les logiciels libres, les brevets logiciels ou l'intelligence économique. Ses priorités concernent la flexibilité du travail, la meilleure reconnaissance du secteur, l'industrialisation de l'activité ainsi que la formation initiale et continue des collaborateurs. Perspectives d'avenir.
10 juillet 2003
 
          
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JDNet Solutions. Quelles actions concrètes avez-vous menées depuis votre arrivée ?
Jean Mounet. Si je fais le point des actions concrètes entreprises depuis un mois, je peux citer la création de nouveaux groupes de travail sur des sujets très actuels et sensibles.

Par exemple, le thème de l'offshore fait l'objet d'un groupe à part entière. C'est un sujet sur lequel il se dit un peu tout et n'importe quoi. Notre rôle est d'apporter un éclairage et des perspectives à nos membres, peser les avantages et inconvénients. Même débat passionnel sur les logiciels libres, où les partisans du "tout logiciel libre" s'opposent farouchement aux détracteurs de cette forme de création et de diffusion logicielle. La vérité est entre les deux, notre rôle est - encore une fois - de prendre position de manière nette pour éclairer nos membres.

Un autre groupe de travail a été lancé sur les relations que notre industrie entretient avec le monde de la recherche, des relations à mon sens insuffisantes actuellement. De très brillantes et innovantes sociétés françaises existent en effet, il faut mieux les connaître et les soutenir. Enfin, un groupe sur l'intelligence économique a été créé car les nouvelles technologies sont directement concernées par cette thématique sensible. J'ajoute que le groupe de travail sur les brevets logiciels, qui existait déjà, est lui aussi très actuel.

Vous vous inscrivez donc dans la continuité de votre prédécesseur - François Dufaux - tout en lançant de nouvelles pistes ?

Oui, car le Syntec informatique a travaillé sur de très nombreux sujets jusqu'à présent mais l'environnement économique est radicalement différent. On est passé d'une période d'activité à forte croissance - entre 1996 et 2000 - à une activité en décroissance en 2002, peut-être aussi en 2003.

Il y a un an, votre prédécesseur s'était clairement exprimé contre les 35 heures [lire l'interview]. Quelle position adoptez-vous aujourd'hui par rapport aux questions du temps de travail et de la flexibilité ?
Ces questions représentent un des cinq axes de travail prioritaires que j'ai fixés à mon arrivée. Nous avons besoin de plus de souplesse dans le travail, par exemple pour l'affectation des jours de RTT ou pour le travail le dimanche. Ce sont des domaines dans lesquels un surplus de flexibilité serait favorable à la fois aux clients, aux entreprises du secteur et aux collaborateurs.

Si vous prenez le cas du travail dominical, les trois parties se rejoignent, pas forcément systématiquement certes, mais quand on a des engagements 24/7 ou de grands projets à terminer, je pense qu'il faut réfléchir à des solutions plus flexibles. Les rémunérations qui peuvent y être attachées sont à prendre en considération pour les collaborateurs.

Le chômage partiel est une autre question à aborder, pour que nous soyons plus compétitifs, notamment compte tenu de l'offshore et des autres pays européens. Quand vous vous comparez à la Grande Bretagne ou à l'Italie, d'importantes différences apparaissent.

Le gouvernement actuel est-il réceptif à vos arguments ?
Ces questions se traitent avant toute chose entre les entreprises elles-mêmes et au sein des autres syndicats de la fédération Syntec. Cette dernière regroupe en effet d'autres syndicats, comme ceux de l'ingénierie ou du conseil en management. Il nous faut obtenir une plate-forme homogène, puis prendre contact et discuter avec les partenaires sociaux. Le gouvernement aborde ces questions de manière positive à condition que l'on trouve un accord avec les syndicats.

Quelles sont les quatre autres grandes priorités de votre action ?
Tout d'abord contribuer à une meilleure reconnaissance des investissements dans les technologies de l'informatique, afin qu'ils soient vus non comme de simples dépenses mais comme des objets de productivité.

Ensuite, mieux faire connaître notre métier auprès du grand public, des entreprises et des pouvoirs publics. Nos entreprises ont en effet fortement contribué à l'emploi et au développement économique du pays, et elles continuent de le faire. Les métiers dans les SSII sont des métiers exceptionnels, qui ne sont pas aujourd'hui reconnus à leur juste valeur.

L'industrialisation de nos activités fait également partie des priorités car nos clients progressent et se structurent de leur côté. Du nôtre, nous devons travailler à des coûts toujours inférieurs avec une qualité supérieure. A l'automne, le processus de discussion entamé avec le Cigref [cf notre article] devrait aboutir à une série de recommandations réciproques, sortes de "dix commandements" du secteur. Cela nous permettra de travailler plus en confiance et plus efficacement, en abordant les thèmes de l'externalisation offshore et en voyant ce que cela amène ou pas, dans une démarche de démystification.

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Enfin, le dernier volet concerne la formation. La formation des jeunes informaticiens tout d'abord. Nous avons été en surcapacité pendant deux ans et on entend ci et là des gens dire que nos métiers n'ont plus d'avenir. Or, dans quelques années, le papy boom verra partir en retraite les informaticiens de nos clients, la demande sera alors très forte, il faut anticiper cette tendance.

Il y a également la formation des personnels confirmés à prendre en considération, dans un environnement où les technologies et métiers évoluent très vite. Il faut intégrer ces paramètres dans la flexibilité du travail et dans la formation continue permanente, d'autant plus que la durée du travail s'allonge.

Quels vous semblent être les secteurs d'activité les plus porteurs à court et moyen terme ?
Les pouvoirs publics vont selon moi continuer d'investir car ils ont conscience d'avoir un rôle à jouer en termes d'exemplarité. Par ailleurs, ils doivent poursuivre la diminution de leurs coûts, afin d'éviter d'embaucher des fonctionnairres pour remplacer ceux qui s'en vont. Enfin, c'est leur rôle aussi de proposer de plus en plus de téléprocédures et de services aux administrés, d'autant plus qu'ils sont en net décalage par rapport aux pays anglo-saxons
.

Par ailleurs, l'arrivée d'une vague de mobilité au niveau des données (UMTS) va permettre au secteur "telco" de repartir de l'avant. Dans le domaine de la santé, les directives fortes de Jean-François Mattéi vont également dynamiser l'activité, en insistant sur la nécessité de revoir l'information au sein des systèmes de santé, afin d'éviter les doublons, d'offrir un meilleur service aux patients et de combler, là aussi, l'écart avec les pays anglo-saxons. Je sens une prise de conscience très sensible au niveau de l'Etat.

Enfin, dans le secteur bancaire, le passage aux normes IAS et Bâle II, pour l'encadrement des risques, va entraîner des refontes ou du moins des adaptations très profondes des systèmes.

 
Propos recueillis par Fabrice Deblock

PARCOURS
 
 
A 58 ans, Jean Mounet est ingénieur de l'Ecole Supérieure de Chimie de Lyon, docteur ès-Sciences physiques et diplômé de Marketing stratégique de Stanford University (Californie). Fort d'une carrière de 34 ans débutée en 1969 auprès de constructeurs informatiques (IBM et Bull), il est, depuis 1988, directeur général de la SSII française Sopra Group. Administrateur de Syntec informatique depuis 1998, Jean Mounet exerçait jusqu'à son élection les responsabilités de vice-Président et de Président de la commission marchés et développements du Syntec informatique.

   
 

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