INTERVIEW 
 
Directeur de projet SAP
Unilog Management
Alain Vaschalde
Le manque d'implication de la direction générale est un frein dans les projets SAP
Ayant notamment mené les équipes d'Unilog Management dans le projet de refonte du système d'information logistique de Schneider Electric, Alain Vaschalde revient sur ses diverses expériences professionnelles et trace un bilan des pratiques plus ou moins heureuses des directions générales au cours de projets SAP de grande envergure.

04 novembre 2003
 
          

JDNet Solutions. Sur des projets de grande taille qui ont pour but de réunir et d'homogénéiser les systèmes d'informations de plusieurs filiales d'un groupe, y a-t-il une approche commune ?
Alain Vaschalde. Les projets de construction d'un "core system" nécessitent en effet une approche et une méthodologie particulières. Ce fut le cas pour le projet Logos, chez Schneider, entamé en 2000 et qui consistait à moderniser et à fusionner les systèmes d'information des anciennes sociétés Télémécanique et Merlin Gerin. De même pour le projet du groupe Seb, déployé en 1998 dans plusieurs sociétés françaises (Seb, Tefal, Calor) et étrangères (Russie, Hollande, Turquie...).

Chez Unilog Management, nous nous appuyons sur la méthodologie développée par SAP dans les années 1997-98. Appelée "Asap", pour "as soon as possible". Elle vise à mettre en œuvre un projet de la manière la plus rapide et la plus efficace possible. De notre côté, nous avons développé "Quadrato Asap", équivalent maison de la méthode SAP, enrichie de dix ans d'expérience Unilog.

Quelles sont les étapes de la méthode "Quadrato Asap" ?
Elle comporte cinq étapes. La phase essentielle de cadrage d'abord, fondation du projet et qui détermine son bon déroulement. La conception, ensuite, dans laquelle on n'entre qu'une fois le cadrage terminé et après avoir défini un système cible clair. Troisième phase : la réalisation, qui aboutit à la formalisation du nouveau système. Puis la préparation au démarrage qui intègre les formations utilisateurs et, enfin, la phase support (helpdesk, optimisation …).

En amont du cadrage, le client, seul ou accompagné, effectue une pré-étude qui consiste à réaliser un inventaire de l'existant et des besoins, et à calculer les coûts et le ROI prévisionnels. Un dossier est instruit, c'est "le business case", et selon ces résultats, la direction de la société décide de commencer ou non le projet.

Quels sont les problèmes techniques récurrents que vous rencontrez dans les projets SAP ?
Une des problématiques importantes dans des projets de cette envergure est celle de la reprise des données. La difficulté est de procéder au "pré-nettoyage" des données et de les compléter en fonction des attentes du nouveau système. Sur des projets de grande taille, le volume des données à mettre à jour est très important et les risques de brouillages sont fréquents : problèmes de codification, de datation incorrecte des documents. La solution est basique : il faut vivre avec ses erreurs, en essayant de les corriger à la main au fur et à mesure qu'elles se présentent. Les modifications de "masse" sont en effet difficiles à opérer une fois le système démarré.

Quel est le rôle joué par la direction générale du groupe lors du déploiement du projet de "core system" ?
L'équipe de direction, maître d'ouvrage, a un rôle déterminant dans le déroulement d'un projet SAP. Dans la plupart des projets que j'ai couverts, j'ai constaté que nombre de pertes de temps sont dues à un manque d'implication de la part de la maîtrise d'ouvrage. Au niveau de la phase de conception, par exemple, qui consiste à définir les grandes lignes de la solution à mettre en place, mises à part les difficultés à se mettre d'accord, la direction générale doit s'assurer que les informations nécessaires au projet ("best practices", règles de gestion...) sont fournies à temps de façon à définir précisément le besoin et le paramétrage à réaliser. Or, trop souvent ces informations tardent à venir ou bien les décisions "métier" ne sont pas prises à temps. Cela aboutit à une perte de temps, et l'entreprise elle-même en subit les coûts supplémentaires !

Cette attitude n'est-elle pas paradoxale vue l'importance stratégique de la mise en place d'un projet SAP et le fait qu'il ait été commandé par la direction elle-même ?
En effet, mais cela s'explique par l'idée trop informatique qu'elle se fait du projet en lui-même. Les dirigeants qui ne s'impliquent pas assez n'ont pas saisi qu'un projet SAP touche tout le monde dans l'entreprise et qu'il s'intègre dans tous les processus métier. D'autre part, les entreprises utilisent souvent le projet SAP comme paravent d'un projet de réorganisation plus profonde, sans vraiment le dire.

Les groupes qui réalisent des acquisitions successives manquent souvent de procéder au changement organisationnel qui devrait les accompagner : chaque entité, chaque filiale a donc conservé son propre mode de fonctionnement. Avant un projet SAP, ces sociétés auraient dû procéder à une opération de "reengeneering", qui consiste à faire converger les différentes structures vers une approche globale de groupe.

Au lieu de cela, la plupart des entreprises se servent de l'occasion du déploiement d'un projet SAP pour couvrir une réorganisation générale menée en parallèle. Au final, les problèmes d'organisation qui nécessitaient des décisions en amont, réapparaissent au cours du déploiement ; et c'est un véritable frein au développement du projet.

Quels autres erreurs avez-vous constaté dans l'attitude des dirigeants ?
Nous rappelons sans cesse aux dirigeants qu'il est important de ne pas s'éloigner du progiciel SAP. Ils doivent être très présents à toutes les étapes de mise en place et prendre des décisions très rapidement. Ils doivent également surveiller de près les décisions locales de certains responsables utilisateurs qui veulent reproduire l'existant en faisant développer pour leur compte des modules complémentaires adaptés à leur métier.

La direction doit également rester très impliquée dans les actions de "conduite du changement", notamment dans les analyses d'impacts réalisées en cours de projet, pour la mise en place d'une nouvelle organisation, ou simplement pour gérer les écarts apparus avec la situation d'avant.

Enfin, une constante que l'on retrouve sur nombre de projets : la DG, maître d'ouvrage, a tendance à trop déléguer au maître d'œuvre. Or, chacun a des intérêts différents : le premier a un raisonnement en terme de gains de productivité, alors que le second a plutôt des soucis de respect des délais et du suivi du projet.

Ainsi, le maître d'ouvrage pour pouvoir évaluer les véritables gains du projet, doit garder en mains certains aspects tels que l'arbitrage des opérations et la mise en place d'indicateurs de rentabilité. Pour éviter cette perte de contrôle, nous faisons signer au maître d'ouvrage une charte de règles de gestion du groupe qui vise à le sensibiliser à son rôle et à ses responsabilités tout le long du déploiement du projet.

 
Propos recueillis par Philippine Arnal

PARCOURS
 
 
Alain Vaschalde a d'abord passé neuf ans chez Hewlett Packard comme consultant GPAO et MRPII, et en tant que responsable de l'activité progicielle pour la zone sud-est. Il a ensuite travaillé pendant cinq ans chez Rockwell International, division automotive, comme directeur informatique ; avant d'arriver en 1995, chez Unilog, comme directeur de projet SAP et responsable de l'activité supply chain management zone sud-est, pour Unilog Management.


   
 

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