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Fondateur et DG Aramiska |
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Philippe
Bodart
"Le
haut débit par satellite pour la communauté rurale est en pleine croissance"
Créé
il y a trois ans, Aramiska
est un opérateur haut débit par satellite présent essentiellement
en Grande Bretagne, en France et en Espagne. La majorité de sa clientèle
est constituée de grosses PME et, dans une moindre mesure, de communes
et collectivités territoriales rurales. Son fondateur nous explique les
évolutions récentes du marché et nous expose les avantages
de la connexion par satellite ainsi que les freins qu'il rencontre à convaincre
encore plus de sociétés à basculer vers sa technologie.
16
janvier 2004 |
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JDNet
Solutions. Qui sont vos clients ?
Philippe Bodart.
Nous disposons aujourd'hui d'un portefeuille de 3 500
clients, dont 70% sont en Grande Bretagne, 15 % en France,
le reste étant dispersé dans les autres pays où
nous sommes présents (Espagne, Hollande et Irlande).
Nous sommes positionnés sur le marché des
services haut débit par satellite pour les entreprises,
principalement les grosses PME/PMI - celles dont le chiffre
d'affaires est supérieur à 10 millions d'euros.
Elles représentent entre 80 et 90 % de notre chiffre
d'affaires.
Pour
environ 10 % de notre activité, nous nous adressons
à un nouveau marché qui s'est récemment
présenté à nous : le haut débit
pour la communauté rurale. Ce dernier service a
été lancé début octobre 2003, c'est un service
qui progresse très vite en ce moment. Les clients
sont des opérateurs locaux ou des communes ou régions
qui opèrent un service composé d'une connexion
Wi-Fi (pour la distribution locale) et d'une connexion
satellite (pour rapatrier les données vers les backbones).
Il y a une forte croissance en Grande Bretagne pour ces
services, en France aussi où quelques projets vont
voir le jour en 2004.
Quelles
ont été les caractéristiques du marché
en 2003 ?
En 2003, la majorité de nos clients s'est
adressée à nous pour équiper un site unique
mais - sur le dernier trimestre - de plus en plus d'entre
eux nous ont commandé l'équipement de plusieurs
sites, c'est-à-dire un site central et des sites
secondaires distants, qui peuvent parfois se trouver à
l'international.
Plus globalement, nous évoluons dans un marché
où le service doit se vendre, c'est-à-dire
qu'il faut faire des efforts commerciaux poussés pour
le vendre. Plus on fait d'efforts, plus on a de clients.
Nous avons un véritable rôle d'évangélisation
du marché. C'est un avantage indéniable
d'être pionnier, mais l'évangélisation coûte cher ! Les
choses vont lentement. Aujourd'hui, s'il y avait deux
ou trois sociétés similaires à la nôtre sur
le marché, je vous avoue que cela m'arrangerait
! Les autres sociétés feraient le même
travail que nous, les clients auraient des résistances
moindres et, comme nous sommes le leader, nous en profiterions
au final !
Quel
est le montant de vos investissements initiaux ?
Entre 2001 et 2002, nous avons investi
75 millions d'euros. Nous sommes la première société
au monde à posséder un réseau satellite
haut débit.
Quels
sont les freins à la pénétration du haut débit
par satellite ?
La pénétration du haut débit - toutes technologies
confondues - est actuellement toujours faible, de 5 à
8% selon les pays. Il y a donc beaucoup de marge à la
hausse et - pour les sociétés comme pour les particuliers
- on devrait assister à une croissance de 50 à
60% par an dans les cinq prochaines années. En ce qui
nous concerne, notre chiffre d'affaires a crû de
300% en 2003 !
Les freins, pour les particuliers, sont liés aux
besoins. Pour les entreprises, les besoins sont là
dès qu'il y a communication de données,
mais une résistance au changement assez forte persiste.
Pour une société qui a des débits "data"
élevés, l'ADSL n'est pas forcément la bonne
technologie, notamment en raison de la bande passante
sur la voie retour qui est limitée.
Le satellite est une technologie alternative, les gens
se demandent donc si ça fonctionne correctement, il y
a des inconnues et des résistances. Les gens sont habitués
à ce que l'on puisse recevoir la télévision
par satellite, mais pour les données, ils se posent encore
des questions. La preuve en est que nous avons 3 500 clients,
pas un million !
Quels
sont les avantages du satellite par rapport à l'ADSL
?
Tout d'abord, la bande passante sur la
voie retour, qui est supérieure chez nous (512
Kbit/s). Pour une société qui dispose de 10 ou 15 PC,
voire 20 ou 25, l'ADSL n'est bien souvent pas suffisant
de ce point de vue. Ensuite, la sécurité
: si vous voulez monter un VPN et un pare-feu avec l'ADSL,
c'est compliqué et cela génère des
coûts supplémentaires qui font que, au final,
nous ne sommes pas forcément plus chers qu'un service
haut débit terrestre. Enfin, chez nous, chaque
client est provisionné de manière unique,
tout client qui se rajoute dispose d'un débit assuré,
quel que soit le nombre de connectés.
Quel
mode de distribution de la connexion privilégiez-vous
sur site ?
Nous travaillons souvent par couplage
avec le Wi-Fi. Mais il y a d'autres modes de distribution,
tels qu'un réseau local traditionnel (LAN), le
courant porteur, le câblage par fibre... et demain,
il y aura certainement d'autres technologies, comme le
Wimax, qui permet de couvrir jusqu'à 5 kilomètres
de surface. Nous sommes neutres au niveau technologique,
aussi longtemps que notre signal est distribué.
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Propos recueillis
par Fabrice Deblock |
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