JDN Solutions. Quelle position
adopte AMD sur le marché B to B ?
Bernard Seité. Nous cherchons à gagner des
places à tout niveau même si à l'heure actuelle notre
clientèle est majoritairement composée de PME et d'administrations.
Notre concurrent, Intel, dispose d'une certaine ancienneté
sur ce marché et domine le parc des grands comptes. Au
démarrage de notre activité entreprise, notre approche
était de proposer des calculateurs haute performance à
destination des laboratoires de recherche. Aujourd'hui
avec notre processeur Opteron, nous voulons donner à l'architecture
x86 ses lettres de noblesses et gagner l'ensemble des
professionnels.
Comment expliquez vous le succès
de l'Opteron sur le marché des serveurs entrée et milieu
de gamme ?
L'Opteron est bien plus qu'un processeur, il s'agit d'une
nouvelle plate-forme. Au lieu d'avoir un processeur mono-bus
partagé entre la gestion de les entrées sorties et la
gestion de la mémoire, nous avons scindé le bus principal
en deux bus. En fait, il y a même quatre bus puisque les
communications entre processeurs d'une même machine sont
gérées de manière indépendante, c'est ce que nous avons
baptisé l'Hypertransport.
Cette
technologie nous permet d'éviter un goulet d'étranglement
lors des communications mettant en jeu le processeur.
Par ailleurs, il dispose en plus du jeu d'instruction
64 bits qui offrira avec un système d'exploitations
et des programmes adaptés, un gain pouvant aller jusqu'au
facteur deux dans des applications comme le cryptage
ou la compression.
Les processeurs double coeur
ne risquent-t-ils pas de constituer un nouveau goulet
d'étranglement malgré l'Hypertransport ?
Pas vraiment, les différents liens de l'Opteron nous
permettent de bien répartir le flux des communications.
Un processeur véloce mais incapable de dialoguer aussi
vite qu'il traite les informations conduit à une saturation
globale du système, un problème que notre concurrent,
Intel, résout par une augmentation de la taille du cache.
Avec la technologie dual-core, les deux unités de calculs
présentes sur chaque puce devront encore dialoguer entre
elles. Notre architecture devrait alors creuser encore
davantage l'écart avec celle d'Intel.
Vous venez de signer un
accord de partenariat avec IBM qui vous donne accès
à l'une de leur usine de fabrication, dans quels buts
?
Aujourd'hui nos processeurs Opteron et Athlon64 sortent
tous de notre usine à Dresde en Allemagne. Nous sommes
en train d'élargir le complexe en ajoutant une nouvelle
unité de fabrication baptisée FAB36. Si notre objectif
était d'utiliser les usines d'un tiers, nous ne serions
pas en train de monter l'unité FAB36. C'est une possibilité
de réserve que nous nous donnons dans le cas où la demande
viendrait à s'accroître.
Par ailleurs, nous partageons la vision technologique
d'IBM et nos équipes travaillent en commun sur les futures
puces gravées en 65 et 45 nanomètres. D'ailleurs, nous
sommes déjà tombés d'accord sur plusieurs technologies
dont la technologie cuivre et le silicium sur isolateur.
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La
segmentation de notre offre va clarifier la
vision de nos clients" |
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Quelles sont vos orientations
sur le marché des ordinateurs portables ?
Aujourd'hui le principal atout d'AMD dans ce marché,
c'est la faible consommation d'énergie de ses processeurs,
ce qui garanti à l'utilisateur final une plus grande
autonomie de ses batteries. Par ailleurs, la combinaison
de petites innovations apportent au final un réel plus
en matière de consommation d'énergie. Nous avons mis
au point le Cool & Quiet, une technologie qui adapte
la consommation d'énergie à la capacité de calcul demandée
par le processeur, ainsi que le Power Now qui économise
la batterie.
Allez vous exploiter les
leviers que sont la finesse de gravure et la montée
en fréquence pour accroître les performances de vos
prochaines puces ?
Bien entendu. C'est un levier intéressant, mais ce n'est
pas une fin en soi. A l'heure actuelle, la fréquence
de la mémoire limite les effets d'une montée de la fréquence
interne des processeurs. La DDR2 devrait petit à petit
changer la donne. En attendant, nous travaillons sur
le temps d'accès à la mémoire. Sur l'Opteron et l'Athlon64,
le temps de latence des mémoires est divisé par deux
environ en supprimant le dialogue l'étape du chipset
lors du dialogue entre le processeur et la mémoire.
Quant à la finesse de gravure, nous venons de passer
en 90 nanomètres, cette technologie devrait durer au
moins deux ans avant d'être remplacée.
Quel avenir pour la gamme
entreprise d'AMD ?
Pour commencer, la segmentation de notre offre va clarifier
les choses pour nos clients. Avant l'Athlon XP couvrait
presque tous les besoins. Désormais pour équiper son
parc informatique en machines bon marché, vous avez
le Sempron. Pour une station de travail ou un serveur
de fichiers, l'Athlon64 remplit toutes les fonctions
nécessaires. Enfin, l'Opteron complète la gamme.
Grâce aux dernières avancées technologiques, nous allons
pouvoir offrir aux entreprises des machines octo-processeurs
multi-core dès 2005. Avec nos partenaires HP, IBM et
Sun, nous espérons percer dans le marché des grands
comptes. Et pour rendre notre plate-forme encore plus
attractive, la fréquence de l'Hypertransport va encore
croître, passant de 1,6 giga transferts par secondes
à 2 giga transferts par secondes. Ainsi la bande passante
grimpera de 6,4 Go/s à 8 Go/s.
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