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Viviane Ribeiro
Directrice
EMEA - division Enterprise
GEAC |
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Viviane
Ribeiro
"Les
femmes tiennent davantage compte du facteur humain en
management"
Présidente
de Geac France et Directrice de la zone EMEA Entreprise
pour l'éditeur de logiciels de gestion, Viviane Ribeiro
a commencé son parcours en contrôle de gestion.
21/02/2005 |
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JDN Solutions. Comment avez-vous
accédé au poste que vous occupez actuellement
?
Viviane Ribeiro. J'ai suivi des études de
contrôle de gestion, poste que j'ai occupé
pendant une dizaine d'années chez Suchard. Cela
m'a permis d'acquérir une expérience solide
et de découvrir les métiers de l'entreprise.
Par la suite, j'ai choisi d'intégrer le monde de
l'édition informatique qui recherchait à
l'époque des spécialistes métier.
J'ai réalisé des missions de conseil pendant
quatre ans. Je me suis ensuite mis en mon compte pour
avoir plus de souplesse pour m'occuper de mes deux enfants.
Je suis par la suite retournée dans cette entreprise
comme ingénieur commercial. Au bout de deux ans,
notre directeur m'a demandé de prendre en charge
les services. Avec les fusions successives, je me suis
retrouvée avec une équipe de 200 personnes.
En 1999, l'entreprise a été rachetée
par Geac et je suis devenu présidente pour la France.
Dans le même temps on m'a confié les responsabilités
de la division Enterprise pour l'Europe.
Pourquoi avoir créé
votre entreprise pour vous occuper de vos enfants, est-ce
que la société dans laquelle vous évoluiez
ne vous permettait pas de vous organiser ?
Aujourd'hui les entreprises et le management ne sont déjà
pas très réceptifs à ces problématiques,
alors dans les années 80... ce n'était pas
du tout dans les moeurs. C'est pourquoi dans notre entreprise,
je comprends qu'une consultante puisse me demander de
travailler aux 3/5e, nous lui donnons en contrepartie
des clients sur lesquels elle pourra travailler à
ce rythme.
Selon
vous est-ce un avantage ou un inconvénient d'être
une femme pour accéder à ce poste ?
J'ai tendance à dire que c'est un inconvénient.
En fait dans ma carrière il y a eu avant et après
40 ans. Avant 40 ans, j'ai acquis des compétences
et j'ai fais des choix de carrière que ne m'ont
pas toujours permis d'évoluer, comme m'arrêter
lorsque mon fils est né mais après 40 ans,
j'ai pu me libérer des tâches pratiques et
j'ai alors pu bénéficier d'une progression
importante. Mais c'est plus compliqué pour une
femme que pour un homme. Nous sommes davantage tiraillées
entre le travail et le sentiment de culpabilité
envers nos enfants. Les hommes ont moins conscience de
ces responsabilités pratiques et éprouvent
moins ce sentiment de culpabilité. Néanmoins,
à mon âge, il est plus facile d'occuper mon
poste et cela devient un avantage d'être une femme,
puisque la plupart des personnes à des postes identiques
sont plutôt des hommes.
Quel a été le
secret de votre réussite ?
En fait j'ai toujours travaillé avec conviction,
ce que je faisais, je le faisais à 200%. Mais j'ai
également eu la chance d'avoir eu autour de moi
des gens qui reconnaissaient mon investissement. En fait,
j'essayais de communiquer ma conviction à mon équipe
et au final c'est eux qui vous portent et vous supportent
pour accéder à de nouvelles responsabilités.
C'est en travaillant ensemble que nous avons atteint nos
réussites. Je ne me suis également jamais
occupé de politique interne dans l'entreprise.
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A
mon niveau, le salaire est également
inférieur de 20%" |
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A votre niveau, constatez-vous
davantage d'égalité ?
Pas vraiment, si je compare avec d'autres patrons, mon
salaire est inférieur, peut-être de 20%.
C'est peut être une erreur dans mon parcours, j'aurais
dû avoir davantage recours au jumping et changer
de société pour négocier de meilleurs
salaires.
Quelles grandes nuances constatez-vous
entre un homme et une femme sur des postes à responsabilité ?
La grande différence entre les hommes et les femmes
c'est que nous considérons plus la position pour
affirmer nos convictions, les hommes apprécient
d'avoir une certaine position plus pour ce qu'elle est,
pour avoir un pouvoir. Un homme va également être
plus politique dans une entreprise. Les femmes ne nient
pas non plus la volonté d'accéder à
un poste important mais privilégient le travail
en équipe.
Elles tiennent davantage compte du facteur humain que
les hommes. Il est possible d'être un manager ferme
et volontaire, tout en comprenant que certains salariés
puissent rencontrer des difficultés à un
moment de leur vie. Nous faisons en sorte que sur les
différents niveaux hiérarchiques, le facteur
humain soit pris en compte sans pour autant être
céder à l'exigence. C'est un autre mode
de management qui respecte les individus.
Selon vous, quelles sont les
raisons qui expliquent que les femmes soient moins nombreuses
dans les métiers de l'informatique ?
Je pense qu'une des raisons réside dans la formation
initiale : les femmes étant moins présentes
dans les études en sciences ou ingénierie,
elles sont de ce fait moins nombreuses que les hommes
aujourd'hui sur ces métiers. Nous avions réalisé
une étude qui montrait que les femmes dans le secteur
informatique représentait 27,4% des effectifs contre
46% pour la moyenne nationale. On peut également
noter qu'au-delà des métiers techniques, les métiers
commerciaux et surtout du conseil entraînent des déplacements
fréquents, difficilement compatibles avec un environnement
familial.
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Ce
n'est pas parce qu'une femme se met aux 4/5e
qu'elle ne peut réaliser l'équivalent
d'un travail à temps plein" |
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Quelles seraient pour vous
les solutions ?
J'ai travaillé à la préparation d'une
conférence sur la famille et participé à
des groupes de travail sur des sujets comme l'égalité
du mode de garde ou les crèches en entreprise.
Je ne suis pas sure que mettre des quotas soit la solution
pour augmenter le nombre de femmes sur ces métiers,
il vaudrait mieux revoir l'environnement et les problèmes
liés à la culture, aux mentalités,
à l'organisation des femmes. Sur l'égalité
du monde de garde, nous travaillons ainsi sur la facilitation
des services avec une accessibilité financière.
Les frais de garde étant importants, c'est souvent
un sacrifice financier pour les femmes qui veulent travailler.
Nous réfléchissons également aux
solutions de télétravail mais il ne faut
pas par ce biais que la femme se retrouve exclue. En fait
c'est une somme d'actions et de moyens, il faudrait expliquer
aux entreprises que ce n'est pas parce qu'une femme se
met à travailler aux 4/5e qu'elle ne peut pas réaliser
l'équivalent d'un travail à temps plein.
Avez-vous constaté une
évolution des mentalités depuis que vous
travaillez ?
Ce n'est pas un secteur qui bouge beaucoup. Les mentalités
évolueront quand les femmes seront plus nombreuses
sur ces postes. |
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Propos recueillis par Laëtitia
BARDOUL, JDN Solutions |
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PARCOURS
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Viviane Ribeiro, Présidente de Geac France,
Directeur EMEA (Europe Middle-East Africa) de la
division Enterprise
Viviane Ribeiro a été responsable de la direction
des services de la société Presys entre 1993 et
1996 puis de 1997 à 1998 (date à laquelle
Presys, vendue à JBA en 1996, est rachetée par Geac.
Elle a débuté sa carrière en tant que comptable,
avant de rejoindre la Sogecim, alors filiale informatique
de la CFAO, au poste de consultant, puis de créer
sa propre société dans le domaine de l'édition de
logiciels dédiés aux cabinets juridiques.
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