INTERVIEW 
 
Alexandre Zapolsky
P-DG
Linagora
Alexandre Zapolsky
"Sur 10 propositions, 6 viennent aujourd'hui du privé"
Tendances du marché, logiciels libres et innovation, stratégie de Sun, politique gouvernementale... revue de détail avec le fondateur de l'ASS2L.
02/12/2005
 
JDN Solutions. Que vous inspire le prix Oseo Anvar que vous venez de recevoir ?
  En savoir plus
 Alexandre Zapolsky
 Linagora
Dossier SSII
Alexandre Zapolsky. Ce prix est décerné aux sociétés classées dans l'édition 2005 du Deloitte Technology Fast 50, c'est-à-dire celles qui ont connu le plus fort taux de croissance sur ces cinq dernières années.

Notre taux de croissance est de 732 % en 5 ans. Nous travaillons sur toutes les nouvelles tendances du marché libre, tous les services à mettre en oeuvre pour industrialiser le libre, comme la Tierce Maintenance Logiciels Libres - TM2L. En développant une offre de services, nous accompagnons le libre sur une clientèle grands comptes.

Nous sommes aujourd'hui recompensés pour notre innovation et notre dynamisme. Notre aspect multidimension, lié à notre domaine d'activités dans les logiciels libres et Linux a aussi contribué à ce prix. Le mouvement et les acteurs Open Source sont aussi, par ce prix, recompensés.

En quoi le modèle du libre est-il innovant ?
Dans notre approche, nous construisons une activité économique, avec nos efforts en recherche et développement de solutions libres. Ces derniers débouchent sur des solutions comme InterLDAP, NARETO ou SoGO. Ce marché des logiciels libres et de Linux devient un secteur informatique à part entière. De projets dans de grandes organisations sont en cours dans le libre. C'est un domaine encore malconnu.

Aux Etats-Unis, sur les 18 derniers mois, 50 acteurs du libre ont reçu plus de 400 millions de dollars de financement. Nous retrouvons le même dynamisme qu'avec Internet à la fin des années 1990. A titre d'exemple, le futur outil de gestion de contenu d'entreprise (ECM) Alfresco va faire un tabac.

Profitant de cet élan indiscutable, les communautés du libre montrent que leurs produits développés sont innovants sur un marché monopolistique. Un bon exemple est le navigateur Firefox qui possède une superbe part de marché. En moins de deux ans, cette version a apporté bien plus que depuis l'existence de son rival.

Comment les SSII françaises doivent-elles se positionner par rapport au libre ?
Une SS2L a une approche technologique alors que les SSII ont davantage une approche conseil et intégration"
ll faut que les SSII s'associent avec les SS2L. Malgré la proximité des termes, l'activité est bien différente. Une SS2L a une approche technologique alors que les SSII ont davantage une approche client avec le conseil et l'intégration. Dès lors, la SS2L prend se positionne dans la chaîne de valeur à la place de éditeur.

Les SSII doivent suivrent cet élan. Les équipes dédiées au libre dans les SSII sont trop restreintes. C'est pourquoi nous travaillons en collaboration avec des grosses SSII pour de gros contrats, comme Capgemini, Bull, Steria ou IBM.

C'est d'ailleurs pour cela que nous avons créé l'Association des Sociétés de Services en Logiciels Libres - ASS2L - qui compte 50 membres. C'est un socle solide pour échanger des affaires. Au vu du succès et des enjeux commerciaux, nous souhaitons développer un label ASS2L pour une meilleure reconnaissance des professionnels intégrateurs du libre.

Comment évolue la clientèle des solutions logicielles libres ?
Le secteur public est le client principal du libre. Nous réalisons 65% de notre activité avec les grandes administrations centrales et les collectivités territoriales. Cependant, les grands comptes privés suivent le pas. Notre deuxième plus gros client est privé.

Or, ces acteurs du privé ne communiquent pas sur leurs choix de solutions libres. Sur 10 propositions, 6 viennent du privé aujourd'hui. Mais le volume d'affaires reste supérieur pour le secteur public car il s'agit de migrations à grande échelle.

Que pensez-vous de la politique de Sun [lire notre article] ?
Sun est un ami du logiciel libre mais sa position n'est pas claire, sa stratégie est trop complexe"
Il ne faut pas confondre logiciel libre et logiciel gratuit. Une confusion générale s'ouvre autour du libre. Microsoft ouvre ses formats mais il ne contribue pas à l'Open Source. Sun diffuse gratuitement ses logiciels depuis peu mais ses licences ne sont pas libres. Cependant, ce choix reste est une bonne chose.

Sun a toujours été l'un des plus grands alliés de l'Open Source mais n'en a jamais vraiment tiré parti. Il a beaucoup contribué à Java, lié à l'Open Source, mais aussi à StarOffice devenu OpenOffice. Sun est donc un ami du logiciel libre, mais sa position n'est pas claire, sa stratégie est trop complexe. Je dirai qu'il faut mieux choisir une solution OpenLdap que Sun One.

D'autres éditeurs doivent-ils suivre le pas ?

Novell aussi est tenté par la stratégie du libre, mais il continue de migrer ses client vers Groupwise. Il faut donc se méfier des choix marketing : les stratégies des éditeurs reposent sur la captivité des clients alors que le logiciel libre est là pour libérer les clients. Dans notre offre de TM2L, nous offrons la reversibilité, ce qui se traduit par une volonté d'ouverture.

Que pensez-vous du projet de loi DADVSI [lire notre article du 29/11/05] ?
Le projet de loi DADVSI devrait avoir un faible impact sur le marché de l'informatique libre, c'est un projet concernant les droits d'auteur. Cependant, je ne comprends pas l'entêtement du gouvernement à faire passer ce projet de loi, rien ne l'y oblige. Je suis déçu par l'attitude du gouvernement actuel.

Jusqu'ici, tous les gouvernements ont permis à la France de jouer un rôle dans le développement du libre dans les TIC. Pourquoi, derrière le culturel, défendre le lobby des éditeurs ? Quel est l'intérêt ? Ce projet ne s'inscrit même pas dans une directive de l'Union européenne.

Quels sont vos projets à venir ?
Linagora a comme seul objectif de consolider sa position de leader du logiciel libre en France. Nous allons réaliser des acquisitions au cours de l'année prochaine. Cette consolidation est déjà forte : avec 3,2 millions d'euros de chiffre d'affaires, nous misons sur 8 millions d'euros en 2006. Ceci s'accompagnera d'une hausse des effectifs, portés à 150 personnes.

  En savoir plus
 Alexandre Zapolsky
 Linagora
Dossier SSII
Notre autre volonté concerne l'ASS2L. Avec la nouvelle stratégie entreprise pour donner un rôle prédominant à cette association, nous aurons plus de 100 SS2L membres en 2006.

.
 
Propos recueillis par Christophe COMMEAU, JDN Solutions

PARCOURS
 
 
Alexandre Zapolsky, 28 ans, est diplômé de l'Institut National des Télécommunications. Il est Président-Directeur Général de Linagora.

2000 Il fonde la société de services Linagora.

   
 
  Nouvelles offres d'emploi   sur Emploi Center
Auralog - Tellmemore | Publicis Modem | L'Internaute / Journal du Net / Copainsdavant | Isobar | MEDIASTAY
 
 


Voir un exemple

Voir un exemple

Voir un exemple

Voir un exemple

Voir un exemple

Toutes nos newsletters