ACTEURS 
 
Jérôme Relinger
PDG
NetAktiv
Jérôme Relinger
"Le logiciel libre nous a permis de minimiser le nombre de serveurs du site de L'Humanité"
Le site du journal s'est orienté vers les logiciels libres dès son lancement. Une nouvelle version est au programme pour 2006. Elle est dévoilée par le PDG de NetAktiv, société de services en charge de la gestion de la plate-forme.
14/02/2006
 
JDN Solutions. Depuis quand travaillez-vous pour le site du journal L'Humanité ? Quelles sont vos missions en tant que prestataire de services ?
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L'humanité
Jérôme Relinger. Nous travaillons avec L'Humanité depuis 1996. Nous effectuons la totalité des prestations informatiques du site, c'est-à-dire l'hébergement, les développements, la maintenance de la plate-forme et la gestion de la sécurité.

C'est un site intéressant dans la mesure où il fait la part belle aux logiciels libres, et offre un rapport visiteurs / coût d'investissement intéressant. C'est aussi le premier site d'information, à ma connaissance, qui a donné un accès libre et gratuit à l'intégralité de ses archives, et ce dès sa création.

Quelles sont les évolutions prévues cette année ?
La version principale va être refondue cette année, aussi bien graphiquement que fonctionnellement. Le site va tendre à mieux respecter les standards actuels, comme le XHTML, et proposera de la publicité. C'est une volonté du journal de financer la partie Web à l'image de ce qui se fait pour l'édition papier. Enfin, nous voulons favoriser l'interactivité vis-à-vis de l'abonné et des diffuseurs à travers la création de services.

Comment fonctionne la mise en ligne d'articles ?
Il n'y a pas actuellement de contenu spécifique au Web. L'édition en ligne est donc la reprise de l'édition papier. Pour cela, nous mobilisons chaque jour une seule personne pendant moins de 20 minutes. Elle nous envoie un flux de données tous les soirs qui correspond à l'édition papier du lendemain. Ensuite, nous utilisons un parser XML [NDLR : analyseur lexical] pour éclater le contenu et l'injecter dans la base SQL de SPIP. Les mots clés sont également assignés de manière automatique.

Pourquoi avoir fait le choix de l'Open Source ?
Il faut rappeler que ce site a généré moins de 50 000 euros d'investissements cumulés depuis sa création en 1996. C'était une volonté de la direction de L'Humanité que d'être présente sur le Web, mais au moindre coût en raison des difficultés que connaît le journal et la presse papier en général. Or aujourd'hui, ce site offre un ratio audience / coût d'investissement très intéressant puisqu'il comptait 15 millions de visiteurs en 2005.

Quelle bande passante consomme aujourd'hui humanité.fr ?
Nous avons voulu un site léger en termes de bande passante"
C'est un site qui consomme relativement peu de bande passante, rapporté à sa fréquentation. Nous avons voulu un site léger car en 1996, et même en 2001, beaucoup de gens étaient encore équipés de modems 56 Kbits.

Nous avons donc conçu des pages HTML avec des icônes qui reviennent souvent afin de minimiser le téléchargement de nouveaux contenus pendant une navigation. En crête, le site peut consommer jusqu'à 1 Mbits, et en moyenne il se situe plutôt à 135 Kbits.

Avez-vous mis en place des fils RSS, des forums, des blogs ?
Les fils RSS ont été mis en place en 2001. Les forums et les blogs s'appuient sur les forums internes de SPIP. Nous les avons intégrés depuis la version 1.3 de SPIP. L'Humanité a d'ailleurs lancé, à destination de tous les jeunes de 18 à 25 ans, un site Internet connexe au site principal où ils peuvent exprimer leur opinion et être acteurs du journal. Ces contenus sont ensuite repris dans une page dédiée du journal.

Malgré le fait qu'il n'y ait pas de censure, nous n'avons pas observé de dérive jusqu'à présent. L'utilisateur accède en réalité à un morceau privé de la base SPIP. Il n'a accès qu'à son compte et ses données.

Pourquoi avoir choisi Sinequa comme moteur de recherche ?
Lorsque L'Humanité a pris la décision de mettre en ligne l'intégralité de ses archives, il a fallu les indexer. Cela représente 15 ans d'archives pour près de 347 000 articles, un contenu conséquent qui ne pouvait pas être traité de manière ordinaire. Le moteur de recherche sémantique de Sinequa n'a pas vraiment d'équivalent en logiciel libre. Nous avons donc construit un partenariat avec l'éditeur.

Désormais, le moteur de Sinequa sert aussi les pages sécurisées du site, par exemple le don en ligne ou l'achat de numéros spéciaux du journal.

Quels sont les langages de développement sous-jacents au site Web ?
Le site de l'humanité repose seulement sur 2 serveurs"
En 1996, les principaux développements du site étaient réalisés en Perl, mais la plupart des pages étaient simplement générées directement en HTML.

Cela a bien fonctionné jusqu'en 2001, date à laquelle le site est passé sur un socle SPIP, qui offrait des fonctionnalités de back-office plus intéressantes. Nous avions de notre coté déjà expérimenté SPIP à travers le site du Monde Diplomatique, que nous gérons également.

Quels sont, pour vous, les bénéfices qu'apportent les logiciels libres dans le domaine du Web ?
D'abord la légèreté de l'infrastructure : le site de L'Humanité s'appuie seulement sur deux serveurs, un Pentium 3 bi-processeur et un Opteron bi-processeur. Le Pentium 3 se charge de l'HTTPS et de la gestion du moteur de recherche tandis que l'Opteron réalise le travail de serveur Web et de serveur de base de données. Le logiciel libre a permis ici de minimiser le nombre de machines.

Autre bénéfice, celui de la sécurité. Il n'y pas eu de dysfonctionnement malgré des attaques régulières. Nous savons exactement ce que fait le logiciel ce qui permet de définir précisément les tâches qui doivent s'exécuter dessus. Le seul port ouvert vers l'extérieur correspond aux connexions HTTP. Un pare-feu se charge de brider les ports et limite les attaques en déni de service en baissant la priorité d'un client qui demande des requêtes farfelues de type 15 000 pages en 1 seconde.

Pourquoi vous être tourné vers un système d'exploitation BSD plutôt que Linux ?
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L'humanité
Nous hébergeons quasi exclusivement des distributions Linux Debian, sauf dans le cas du site de L'Humanité parce qu'il s'est avéré que le couple Opteron / FreeBSD marchait très bien ensemble.

Nous affichons un gain de performance de l'ordre de 15 à 20 % sur la base SQL grâce à la gestion du 64 bits. De plus, la distribution FreeBSD est capable de répondre aux charges élevées, et offre un haut niveau de disponibilité.

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Propos recueillis par Yves DROTHIER, JDN Solutions

PARCOURS
 
 
Jérôme Relinger est le PDG de la SS2L NetAktiv. Il est également élu communiste du 13e arrondissement de Paris au poste de conseiller aux nouvelles technologies.

   
 
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