INTERVIEW 
 
Stéphane Duproz
Directeur général France
Redbus
Stéphane Duproz
"L'expérience prouve que les datacenters peuvent avoir aussi des problèmes électriques"
Gestion de la communication de crise et actions correctives prévues : Stéphane Duproz, directeur général de Redbus, revient sur les conditions de la panne survenue dimanche soir.
29/03/2006
 
Lundi soir à 20 heures, Redbus a effectué une maintenance corrective sur l'un de ses disjoncteurs, puis a reconnecté les batteries sur les générateurs. La charge client a donc été reporté sur les batteries UPS, elles-mêmes reliées aux groupes électrogènes. Les opérations de basculement vers le réseau EDF sont prévues mercredi 29 mars à quatre heures. Les batteries auront été rechargées mais le groupe prévient qu'un risque de coupure est toujours possible.

JDN Solutions. Quelles ont été vos préoccupations depuis dimanche soir ?

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 Panne chez Redbus : les clients mettent en cause la gestion de la crise
Stéphane Duproz. Depuis dimanche, j'ai passé beaucoup de temps sur deux points : communiquer avec nos clients d'une part en leur expliquant ce qui allait se passer, et d'autre part concevoir un plan de retour à une situation plus stable.

A combien peut-on estimer le nombre de sites touchés ?
C'est une question délicate. Nous comptons 130 clients mais certains sont juste des clients tandis que d'autres sont des hébergeurs qui ont eux-mêmes des clients qui parfois ont eux-mêmes des clients.

Ce n'est pas le premier souci électrique qui survient chez Redbus. Y a-t-il un couac dans la gestion de l'électricité ?
Non, les deux problèmes techniques ne sont pas liés. D'abord, il faut se dire que les problèmes techniques arrivent et ce, dans la majorité des datacenters. Seulement nous nous sommes rendus compte qu'une bonne partie de l'hébergement français est aujourd'hui chez Redbus. L'impact a donc été plus visible.

Mais quelles ont été les décisions prises à la suite de la première panne électrique de février ? Ne pouvaient-elles éviter la deuxième ?
Ce sont deux pannes électriques différentes, je le répète. La première était la conséquence d'une erreur humaine. Un certain nombre de processus de maintenance ont été revus, refondus et nous avons reformé les personnes sur ces éléments là. L'unité de contrôle en question, nous sommes en train de la modifier légèrement pour que cela ne se reproduise pas.

En revanche dimanche soir, il y a eu une série de toutes petites coupures EDF générant des soucis dans nos installations. Nous sommes en train d'analyser en profondeur l'origine de cette panne et je préfère ne pas m'étendre dessus pour l'instant.

Un certain nombre de processus de maintenance ont été revus suite à la première panne"
Pour quelles raisons y a-t-il eu des rechutes après la première réparation ?
La première fois lors de la perte de tension chez EDF, les groupes électrogènes ont démarré. Cela leur prend 45 secondes environ. Pendant ce temps, les batteries UPS tiennent la charge. Ce processus est simple. Les batteries, néanmoins, doivent pouvoir tenir 5 à 6 minutes.

Hier, ce qu'il s'est passé, c'est que les systèmes automatiques se sont mis en protection. Cela a eu pour conséquence que le courant EDF n'arrivait plus et que les groupes électrogènes, bien qu'ayant démarré, ne pouvaient prendre en charge les clients.

Toute la charge a été assurée par les batteries mais comme la panne a duré 12 minutes, elles se sont vidées. Suite à cela, nous avons replacé manuellement la charge des clients sur les groupes électrogènes. Dans l'après midi, les batteries étaient déchargées. Or, pour revenir sur le réseau EDF, nous avions besoin de passer par ce tampon des batteries. Cela rendait la chose impossible.

Mais lors de la première panne en février dernier, un problème similaire était survenu. N'y a-t-il pas des actions à prendre ?
La première fois nous nous sommes effectivement retrouvé dans une situation où il n'y avait plus de batteries chargées. Cependant, la raison de la première panne a été clairement identifiée et elle est d'origine humaine. Si ce geste malheureux n'avait pas été fait, nous n'en serions jamais arrivé à ce point. La vraie cause est là.

Cela veut-il dire qu'il est impossible de garantir aujourd'hui le 100% de disponibilité ? Que des imprévus peuvent toujours survenir ?
Nous sommes ouverts aux questions et nous y répondrons"
Oui, c'est impossible. Je pense pour autant que le concept de datacenter est un excellent concept car le taux de disponibilité fourni est élevé. En revanche, l'expérience prouve que les datacenters peuvent avoir aussi des problèmes électriques.

Vos clients seront-ils indemnisés pour le préjudice subit ?
Pour toutes ces questions, il y a des contrats et ils seront respectés.

De nombreux hébergeurs ont demandé la mise en place d'un audit technique indépendant chargé de faire la lumière sur cette affaire. Y êtes-vous favorable ?
Nous sommes ouverts aux questions et nous y répondrons. Cependant, si j'ai 130 demandes d'audits, je doute pouvoir les prendre toutes en charge.

Mais si la demande est concertée ?
Il y a des choses qui font partie de notre savoir-faire. Cependant je le répète, ce n'est pas la première fois que des gens viendraient nous voir avec des questions très précises ou examiner tel ou tel domaine chez nous.

Quelles mesures allez-vous prendre ?
D'abord il nous faut approfondir l'audit technique et après nous verrons les conséquences et les mesures à prendre. Il faut voir que les datacenters, et je parle ici de toute la profession, commencent à se remplir sérieusement et la disponibilité à se réduire parallèlement. Paris est avec Londres la ville où la place réservée aux datacenters est la plus rare.

Il faut ajouter à cela que la configuration des clients se modifie. Ils possèdent des équipements de plus en plus consommateurs d'électricité. Or, la construction du bâtiment date de 2003. Aujourd'hui, cela constitue une limitation. Il va falloir que tous les datacenters souscrivent à des investissements importants.

Le niveau de prix pratiqué n'est pas suffisant pour que des investissements soient réalisés"
J'en viens au problème actuel : le niveau de prix pratiqué n'est pas suffisant pour que des investissements à la hauteur soient réalisés. Les prix datent de l'explosion de la bulle Internet et se montraient à l'époque très agressifs. Ils ne sont plus raisonnables à l'heure actuelle.

Mais cet engorgement pouvait être anticipé, non ?
Tout est allé très vite. Aujourd'hui, il faut créer de la nouvelle disponibilité. Nous disposons de deux sites désormais avec Telecity. Nous allons donc proposer, pour les clients qui le souhaitent un système de sauvegarde entre les deux sites entraînant une redondance supplémentaire. Nous n'offrirons toujours pas 100% de disponibilité mais nous nous en approcherons un peu plus.

L'utilisateur de datacenter doit faire une estimation du risque qu'il accepte de prendre et des moyens à mettre en œuvre par rapport à cette évaluation de risque.

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 Panne chez Redbus : les clients mettent en cause la gestion de la crise

La bascule sur le réseau EDF doit finalement avoir lieu mercredi dans la nuit. Est-ce qu'il aurait été possible de le faire plus tôt pour réduire l'impact sur les sites clients de Redbus ?
Cela aura été parfaitement faisable, mais dimanche soir nous avons pris la décision de rester en l'état pour le moment. Je faisais des points réguliers avec mes clients sur le parking. Et ce sont mes clients qui ont souhaité que cette bascule ne s'effectue pas le lendemain dans la journée. Je me suis donc engagé pour que rien ne se fasse en journée.

La communication de crise et l'organisation ont parfois été mis en cause par les clients. Y a-t-il des choses à améliorer à ce niveau ?
Il y a toujours des choses à améliorer dans une organisation. Cependant, je pense aussi qu'il y a des gens que cette crise arrange.

 
Propos recueillis par Yves DROTHIER, JDN Solutions

PARCOURS
 
 
Stéphane Duproz, est le directeur général France de Redbus.

   
 
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