INTERVIEW 
 
Thierry Drilhon
Directeur général
Cisco France
Thierry Drilhon
"La France est aujourd'hui le pays le plus innovant en Europe"
Le dirigeant de Cisco France s'exprime à son tour sur la campagne présidentielle, interpelant les candidats sur la nécessité d'une valorisation de la France à l'international. Il demande également un effort en matière d'éducation.
23/03/2007
 
JDN Solutions. L'actualité de la campagne présidentielle vous fait réagir en tant que dirigeant d'entreprise. Dans quelle mesure souhaiteriez-vous voir le discours des candidats changer ?
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Thierry Drilhon. Je considère la campagne présidentielle comme un bon moment pour réfléchir et faire avancer certaines idées, mais aussi comme un moyen de prendre du recul au niveau national.

Or, nous constatons trop souvent que la première chose que font les candidats, c'est de déconsidérer ce qui a été fait jusqu'à maintenant et déconsidérer par la même occasion la capacité de la France à pouvoir faire des réformes. Les candidats s'attardent sur ce qui ne va pas bien au lieu de regarder ce qui fonctionne pour aller de l'avant.

Je suis fondamentalement francoptimiste et je crois que nous avons dans notre pays la capacité de se réformer en capitalisant sur nos succès. Sur le domaine des technologies de l'information, qu'avons-nous entendu il y a 5 ans lors des précédentes élections ? Que les autres pays adoptaient massivement le haut débit et que nous étions en retard. La France est aujourd'hui le pays le plus innovant en Europe en matière de déploiement du haut débit.

Comment jugez-vous l'adoption des technologies de l'information en France ?
Nous avons massivement intégré ces nouvelles technologies dans notre quotidien, et nous disposons d'un rapport prix / services des plus attractifs. Cette adoption des technologies par le grand public draine l'investissement des entreprises.

L'Etat a joué son rôle dans la mesure où la régulation de l'Arcep a eu un rôle très positif pour l'innovation. Il a encore joué son rôle par le biais de son initiative Réseau 2007 qui a permis aux régions de jouer le rôle d'opérateurs. Enfin, il a massivement adopté les nouvelles technologies dans le cadre de la réforme de l'Etat.

Et chez les PME ?
Il faut que la France s'engage aujourd'hui dans une couverture du territoire en très haut débit"
Historiquement, l'adoption des technologies de l'information a toujours été plus forte dans les grandes entreprises que dans les PME. Mais nous constatons tout de même que 80% des PME françaises sont aujourd'hui connectées à Internet. De plus, ces dirigeants ont généralement Internet et des services VoIP chez eux. Ils veulent avoir accès fort logiquement aux mêmes types de services dans leur entreprise, ce qui me rend optimiste pour l'avenir.

Vous êtes confiant dans la capacité de la France à se réformer. Quels types de réformes envisagez-vous à l'occasion du prochain mandat présidentiel ?
Tout d'abord, je pense qu'il faut que la France s'engage aujourd'hui dans une couverture du territoire en très haut débit. Déjà, des opérateurs tels que France Télécom, Free ou Noos annoncent des offres de fibre optique jusqu'à l'abonné affichant des débits jusqu'à 100 Mbits. Ces annonces nous positionnent dans les premières places dans le monde du très haut débit.

D'autre part, il faut absolument favoriser l'innovation dans toutes nos entreprises, particulièrement les PME qui ne demandent que ça. Les pôles de compétitivité sont une bonne initiative dans ce sens, qu'il faudra soutenir. Enfin, la priorité doit être mise sur le sujet de l'éducation et notamment de l'utilisation des technologies de l'information et d'Internet dans le système éducatif. Il faut permettre au plus grand nombre l'usage des TIC, et combler l'écart qui sépare encore les français entre eux.

Pourquoi, selon vous, l'éducation est la priorité des priorités dans le domaine des TIC ?
Aujourd'hui, la technologie existe et répond à nos besoins. La problématique maintenant consiste à la déployer. Nous estimons qu'à l'horizon 2008, il manquera 500 000 professionnels dans les TIC, dont 51 000 en France. Nos écoles ont formé l'année dernière 28 000 ingénieurs alors qu'il en faudrait 40 000 pour satisfaire les besoins du marché. C'est un vrai sujet de fond prioritaire.

En matière d'attractivité et de compétitivité, vous souhaiteriez comme bon nombre d'acteurs un renforcement du partenariat public / privé. Qu'est-ce qui vous pousse à demander cette mesure ?
Je crois fondamentalement que, comme aux Etats-Unis, ces rapprochements permettent l'émergence de nouvelles technologies et une plus grande ouverture. Il faut aussi, et c'est le rôle de l'état, pousser à l'interopérabilité et aux standards.

Finalement l'optimisme que vous prônez permet également d'attirer les investisseurs ?
Tout a fait. Dernièrement, notre PDG John Chambers est venu en France à l'occasion d'une conférence pour la reconstruction du Liban. Il a rencontré beaucoup d'acteurs innovants du secteur, des décideurs qui avaient le moral et étaient optimistes pour le futur, tout en ayant une volonté forte d'aller de l'avant. Notre économie est stable, a de bons fondamentaux et attire ainsi les investisseurs. Selon les chiffres du ministère du commerce extérieur, nous sommes le 3e pays ayant attiré les investisseurs en 2005, avec 64 milliards d'euros reçus.

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Cela ne veut pas dire qu'il n'y ait pas des aménagements à faire toutefois, par exemple sur les aspects fiscaux ou sur la flexibilité du temps de travail. Mais il y a des données qui ne sont pas suffisamment mises en avant pour renforcer l'attractivité de la France.

Et concernant l'Europe, quelles sont vos attentes ?
Déjà, l'Europe est une réalité en tant que dirigeant. Je crois beaucoup au développement de projets entre pays, comme l'exemple d'Airbus. Ces associations apportent beaucoup à chacun, il faut éviter d'opposer les uns aux autres car les entreprises ont beaucoup à gagner à travailler ensemble. Nos clients demandent de l'innovation, or, il n'existe pas un seul acteur qui ait réponse à tout. Un éco-système européen doit se créer dans lequel la France fera reconnaître sa capacité d'innovation.

 
Propos recueillis par Yves DROTHIER, JDN Solutions

PARCOURS
 
 
Thierry Drilhon, 42 ans, est directeur général de Cisco France et vice-président Europe en charge de la coordination du marché de la distribution. Il dirige près de 550 personnes en France, au siège d'Issy-les-Moulineaux.

2000 Cisco France.
1995 Microsoft France.
1985-1995 Digital Equipment France.

Et aussi Diplômé de l'EAD et de l'Université de Stanford.

   
 
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