Membre du groupe Fujitsu, la société
anglaise de services informatique ICL, prépare
en ce début d'année 2000 une prochaine
introduction à la Bourse de Londres. La filiale
française, qui emploie 750 collaborateurs et
réalise 900 millions de francs de chiffre d'affaires,
est placée depuis le début janvier sous
la direction de Bruno Boucq, anciennement en charge
de la division entreprises. A l'occasion de sa nomination,
Bruno Boucq précise les orientations stratégiques
d'ICL.
Propos recueillis le 25 janvier 2000 par Christophe
Dupont
JI:
Comment se répartissent actuellement les activités
d' ICL France ?
Bruno Boucq: Dans notre chiffre d'affaires,
on compte environ trois quarts de services et logiciels,
le dernier quart concernant la mise en oeuvre de matériels.
Dans le domaine des services, nous sommes basés
sur une gamme de services basiques de maintenance:
installation, déploiement, formation, heldesk,
etc.
Quel
a été l'impact de l'e-business sur vos
activités ?
L'e-business
est devenu un fondement, une condition sine qua non
de notre politique de services. Nous sommes clairement
positionnés dans l'e-infrastructure, dans l'e-service.
L'e-business a généré une dynamique
très forte dans le domaine des services. C'est
désormais une part très importante des
ressources employées. Je ne parle pas là
uniquement en termes de revenus, mais surtout en terme
d'efforts et de volonté, qui démontrent
notre implication sur ce marché.
Cette
situation va t-elle être la même en l'an 2000,
en ce qui concerne la France ?
On peut
s'attendre à une progression très importante
cette année de la taille de ce marché de l'e-business.
Il croît bien plus vite que d'autres marchés.
Nous le pressentons auprès de nos clients. Rien qu'en
France, nous totalisons plus de 1000 clients, 50% du top
25 des grandes entreprises font appel à nos services.
Or ces entreprises s'intéressent désormais
fortement à l'e-business et à la manière
dont celà peut changer leurs stratégies.
Comment
répondez vous à ces attentes ?
Nous
avons noué de nombreux partenariats avec des
acteurs majeurs de l'e-business, tels que Siebel,
SAP, Peregrine et Microsoft. Nous développons
des solutions business to business et business to
consumer. Au plan international, ICL a mis en place
une structure Electronic Business Services dédiée
aux services de commerce électronique.
Outre
l'e-business quels sont vos pôles stratégiques ?
Trois
domaines viennent compléter cet axe: le customer
relationship management, le domaine des applications
d'entreprises et l'IT Utility qui est une notion de
services au sens large, regroupant produits et hardware.
E-business et IT Utility sont à mettre l'un
avec l'autre, d'ailleurs tous ces sujets vont bien
ensemble. Lorsque des clients expriment une demande
d'accompagnement vers des services à haute
valeur ajoutée, l'offre que nous leur proposons
ne dissocie pas ces sujets, elle répond à
une demande globale.
L'outsourcing
est une part importante de vos services ?
Non,
nous n'avions pas développé suffisamment
cet aspect en France. Nous y travaillons et notre
offre d'outsourcing sera structurée vers la
mi 2000.
Quelle
marge de manoeuvre vous laisse le Groupe Fujitsu ?
Par
rapport au groupe, nous disposons d'une latitude totale.
Vis à vis de l'Angleterre, on a l'autonomie
que l'on veut bien prendre. La situation est particulière
actuellement puisqu'ICL prépare son introduction
à la Bourse de Londres pour cette année,
donc nous allons tous dans ce sens, un effort commun
est déployé.
Il existe un particularisme du marché français
lié à la nature même de nos clients.
Par exemple, en Angleterre, ICL a une grande majorité
de clients dans les organismes gouvernementaux, nous
dans l'industrie automobile. La stratégie ne
peut être calquée. Toutefois on développe
des capacités européennes.
Quelles tendances ou phénomènes vont marquer
selon vous cette année 2000 ?
Pour la première année, l'e-business va peut-être
délivrer de vrais résultats, alors que jusqu'à
présent les entreprises réalisent de faibles
résultats. Pour voir un peu plus loin, j'ai l'impression
que l'e-business va se banaliser cette année, il
faudra y être, c'est tout !
Sinon, la capacité de croissance du customer
relationship management en France est énorme.
Les sociétés françaises accusent
un retard par rapport à leurs homologues anglo-saxons.
Notre position et notre connaissance de ce marché
nous accordent un avantage concurrentiel.
Titulaire
d'un DEA en sciences économiques de la Sorbonne,
Bruno Boucq intègre ICL en 1984 pour exercer
la fonction d'ingénieur commercial en charge
des grands comptes internationaux. Dès 1987,
il occupe plusieurs postes de direction, dont un poste
de directeur général adjoint et directeur
du développement en 1994.