La deuxième édition de Linux Expo aura lieu au Palais des Congrès du 1er au 3 février 2000. Après une première édition d'évangélisation, cette seconde mouture devrait connaître de nombreux temps forts et des annonces mondiales. A jour J-4, Sacha Dunas, organisateur, fait le point sur les grandes tendances de l'an 1 de Linux...

Propos recueillis le 26 janvier 2000 par Alain Steinmann

JI: Quelles sont les grandes tendances de cette deuxième édition de Linux Expo ?
Sacha Dunas: Clairement une évolution plus que significative au niveau de l'offre. La quasi totalité des acteurs, qu'ils soient constructeurs, éditeurs, SSII, centres de support ont basculé vers Linux. La première édition du salon avait eu lieu en juin 99 et déjà, les acteurs qui comptent avaient annoncé des offres pour ce système d'exploitation. Cette année, les grands qui s'appellent IBM ou HP élargissent leur offre sous Linux. A titre d'anecdote, j'ai ouvert une ligne ADSL pour mon usage personnel et mon interlocuteur chez France Telecom m'a demandé si j'utilisais Windows ou Linux sur mon PC.

La première édition visait surtout à évangéliser le public. Et cette année ?
Toutes les premières éditions de salons servent à évangéliser. Il nous faudra continuer à former mais cette année est placée sous le signe des investissements massifs des acteurs du marché. Tout ce qui manque à Linux, ce sont des applications bureautiques.

Qui seront peut être présentées sur le salon ?
Oui, Corel devrait faire une démonstration de la version Linux de sa suite. Red Hat fera aussi une annonce mondiale mais je ne peux pas vous en dire plus pour l'instant. Bull aussi devrait annoncer des points importants.

Sinon, quels seront les évènements à ne pas manquer ?
Incontestablement le mercredi 2 au matin la conférence rassemblant Michael Cowpland (Corel) Jean-François Abramatic (président du world wide web consortium), Robert Leblanc (IBM), Mark Jarvis (Oracle), Roland Dyroff (Suse), Michio Nagashima (V-Sync) et Jacques Le Marois (MandrakeSoft). Sinon, il ne faudra pas rater les tutoriels techniques du premier jour et le cycle destiné à l'éducation réalisé avec le CNDP.

Pourquoi avoir mis en place un cycle éducation, toujours pour évangéliser ?
Nous avions envie de faire quelque chose et le CNDP a pour mission cette année de faire connaître Linux. C'est donc naturellement que nous avons mis en place ce cycle. Il y aura deux tables rondes: sur l'enjeux des logiciels libres et sur un état des lieux dans les administrations.

Vous avez aussi invité les associations de "linuxiens"; ont-elles encore leur place avec l'évolution vers l'industrialisation de Linux ?
Plus que jamais ! Les associations sont un parfait relai dans les régions et nombreux sont les chefs d'entreprises qui se déplacent lors de journées portes ouvertes par exemple. Nous cherchons à collaborer un maximum avec la communauté Linux et c'est d'ailleurs pour cela que nous mettons des stands à leur disposition gracieusement ainsi qu'une demi journée de cycles de conférences.

Linux est il bien connu des informaticiens français, quel retour avez vous eu de leur part ?
81% des techniciens et 20% des patrons de sociétés informatiques se déplaceront. Les questions qui nous sont le plus souvent posées concernent la sécurité du système d'exploitation et le développement Web.

Quel est le business model des nouveaux acteurs du monde des logiciels libres ?
Vous faites bien de préciser. Logiciel libre signifie que les codes sources sont libres. Tout le monde a accès aux codes sources des logiciels et c'est toute la différence avec les packages que l'on trouve sous Windows par exemple. Mais derrière il y a une offre de service pour le déploiement, le support technique. C'est l'avenir: les logiciels seront gratuits et les services payants.

L'adoption de Linux est-elle plus importante en France ou aux Etats-Unis ?
Une chose qui est géniale avec Linux, c'est que c'est une communauté mondiale qui en gère le développement. Ce qui fait que l'avance des américains n'est pas si phénoménale.

La Linux Expo va être organisée sur les cinq continents, quels sont les pays les plus intéressés et les plus en retard ?
Il y a un gros travail d'évangélisation à faire en Espagne et c'est la Chine qui nous a le plus étonnés. Nous nous sommes demandés si les Chinois n'étaient pas mieux informés que les Français, tellement leur culture Linux est importante.