Fondateur de Stratélite, agence de marketing opérationnel,
Bertrand Frey est propulsé Vice-Président de Fi System après
la fusion des deux groupes en 1999. Il dirige le pôle communication
de la Web Agency .
Propos recueillis le 13 avril 2000 par Anne
Cosquer
JI:
Fi
System a été créée en 1992 en tant que SSII. Où se situe-t-elle
aujourd'hui par rapport à son métier d'origine ?
Bertrand Frey: Nous avons opéré un tournant stratégique
en 1995 en nous spécialisant autour des métiers de l'Internet.
Notre activité est à 90% axée autour de ce marché depuis.
Fi System est fort de se définir comme une Web Agency, au
sens véritable du terme. C'est-à-dire que nous sommes en
mesure d'assurer toutes les prestations de service à nos
clients autour des trois métiers qui définissent une " Web
Agency " à savoir le conseil stratégique, la maîtrise des
technologies de l'information et le pôle marketing/communication.
Nous sommes experts dans ces trois métiers. Notre force
réside d'ailleurs dans nos méthodes d'intégration des nouvelles
compétences. Nous avons été les précurseurs de Java et nous
le seront également avec le WAP.
Vous
avez effectué une douzaine d'acquisitions depuis
octobre, quelle est votre politique de développement à international
?
Fi System est aujourd'hui la première Web Agency française,
la quatrième au niveau européen et se place quinzième sur
le plan mondial. Notre objectif pour l'année 2000 est de
nous situer parmi les deux premières agences européennes.
En Janvier 2000, le groupe a conforté ses positions en Espagne,
au Royaume-Uni, en Belgique et en Italie en s'implantant
à Madrid, Barcelone, Manchester, Leeds, Bruxelles et Milan.
Fi System prévoit de s'établir en Allemagne et en Suède
avant l'été et dans un contexte de développement mondial
qui est le nôtre, aux Etats-Unis et au Japon avant la fin
de l'année. Fi est désormais suffisamment reconnu pour que
ce soient les clients qui nous demandent de nous implanter
dans un pays pour les accompagner dans leur développement.
C'est le cas pour le Japon par exemple où nous accompagnons
Cartier.
Comment
arrivez-vous à gérer ces acquisitions ?
Nous étions 720 collaborateurs au 20 mars 2000 et nous comptons
arriver à 1200 d'ici la fin de l'année. Une telle expansion
suppose un énorme travail interne d'intégration des hommes.
L'expansion humaine mal gérée a d'ailleurs été un problème
pour de nombreuses sociétés du même secteur comme Icom.
Mais il faut savoir profiter des erreurs de certains. Fi
n'avance pas dans tous les sens. Nous avons des cabinets
dans chaque pays, des équipes qui se déploient. Tout est
très encadré. Notre stratégie de développement est d'ailleurs
très claire. Nous souhaitons acquérir le plus de compétences
possibles et cela passe par la croissance organique. Mais
la croissance externe passe par les acquisitions. De 180
millions de francs de chiffre d'affaires en 1999, nous ambitionnons
d'atteindre les 600 millions en 2000. En plus de tout ça,
nous sommes bénéficiaires.
Quels
sont vos principaux concurrents ?
Nous n'avons pas de concurrents français en tant que Web
Agency. En revanche nous en avons sur certaines de nos compétences.
Sur le consulting par exemple avec Mc Kinsey et Andersen
; sur le domaine des systèmes d'information avec Cap Gemini
; et sur le New Media avec Euro RSCG et Publicis entre autres.
Mais en ce qui concerne l'offre globale, il faut aller chercher
aux Etats-Unis avec Scient et Viant ou bien en Suède avec
Framfab. Mais nous serons présents sur leur marché dès le
mois de juin. En France, les prestataires n'ont pas les
moyens réels de nous concurrencer. Quelqu'un qui vient nous
voir avec une idée, la voit croncrétisée de A à Z dans les
trois mois qui suivent. Ce travail comprend la définition
de la stratégie à appliquer, la création du site et la communication
c'est-à-dire les campagnes télé, les affiches 4 par 3, la
création du logo, le plan média online et offline et le
programme de création de trafic. Pour obtenir un travail
équivalent ailleurs, une entreprise devra consulter sept
agences différentes et je vous de régler tout ça en moins
d'un an. Un exemple concret : nous avons mis le site de
Discountis.com en ligne vendredi 7 avril. A Noël nous avions
eu notre première rencontre et l'accord avait été signé
fin janvier.
Discountis
est votre dernière réalisation ?
En effet. C'est un service de crédit immobilier en ligne.
Parmi les autres projets en cours, Assurdiscount.com, un
service d'assurance en ligne, devrait voir le jour début
mai.
Grâce
au rachat d'Ubicco en octobre dernier, vous aviez l'ambition
de vous lancer dans l'univers des technologies Internet
embarquées. Où en êtes-vous actuellement ?
La première application devrait être finalisée d'ici deux
à trois semaines, d'abord en France puis au Royaume-Uni,
Espagne et Belgique avant l'été. Nous allons être les premiers
à créer un modèle technologique Internet sur support mobile.
Cela va être une révolution dans le domaine de la téléphonie.
Tout ce que l'on fait à partir d'un ordinateur pourra être
transposé sur un portable à la puissance dix. Cela permettra
à tout un chacun d'adapter son univers personnalisé, de
créer son bouquet de services. C'est une avancée fantastique
en termes de marketing personnalisé.
Comment
est organisé Access 2 Net, votre propre fond de capital
risque ?
Acces 2 Net est une filiale à 35% de Fi System au capital
de 70 millions de francs. Les 65% restant sont détenus par
les managers de Fi qui ont investi 40 millions dans cette
entité. Nous avons environ une centaine de rendez-vous par
semaine avec des start-ups. Mais l'acceptation d'un dossier
repose sur la finalisation du projet et sur le potentiel
des managers. Nous ne finançons pas des jeunes entrepreneurs
qui ont des idées pleins la tête mais qui vont dans tous
les sens. Une augmentation de capital de Fi System était
prévue pour la fin du premier trimestre 2000.
Pourquoi
a-t-elle été reportée ?
L'augmentation de capital devait avoir lieu il y a une quinzaine
de jours. Mais pour simple raison technique nous préfèrons
attendre un peu. Le marché va mal en ce moment. Le Nasdaq
s'est effondré et les entreprises qui entrent en Bourse
actuellement ne sont plus sûres de gagner de l'argent. L'augmentation
devrait donc avoir lieu d'ici quelques semaines. Début mai
si tout va bien.
Quelle
est votre vision de l'Internet dans les 6 mois à venir ?
Tout le monde sera dans le nouveau monde grâce à Fi. Plus
sérieusement, je pense que les premiers services WAP seront
véritablement en place. C'est une vraie révolution, un changement
de vie qui va de pair avec toutes les formes d'économie,
notamment l'économie du loisir.
Qu'aimez-vous
dans l'Internet ?
Ce que j'aime dans l'Internet c'est que tout va super vite.
Il n'y a pas de place pour les gens qui réfléchissent
lentement. Internet redistribue les cartes, il libère les
entrepreneurs. J'ai le sentiment que comme il y a eu autrefois
les révolutions agricoles et industrielles, nous assistons
aujourd'hui à une révolution des technologies de l'information.
Je suis content de connaître ça, comme mes parents ont connu
l'avènement de la voiture et de la télévision.
Ce
que vous détestez ?
C'est sans doute paradoxal, mais le fait de ne pas avoir
le temps d'aller jusqu'au bout des choses. Tout va trop
vite. Je déplore aussi la lenteur des réseaux. Je suis agacé
qu'avec un tel niveau de possibilités, on soit encore freiné
par un tuyau.
Fi Systems
en
quelques chiffres
Date
de création |
1992 |
Chiffre
d'affaires 1999 |
180
millions de francs |
Effectifs
fin Mars 2000 |
720
personnes |
Références |
Cartier,
Discountis.com, Whirlpool, Sony, Hewlett Packard,
Adidas, Novartis |
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