Virus informatique, défaillance du matériel
ou des logiciels, erreur humaine, malveillance, les
causes de la perte de données en entreprise
sont nombreuses et les conséquences souvent
dramatiques. Il en résulte trop souvent une
perte d'informations, de richesse, de temps très
préjudiciable pour l'entreprise. Sur le marché
croissant de la récupération des données,
PCM
Assistance fait figure de pionnier, en activité
en France depuis 1994. Son directeur général
et fondateur, Philippe Joliot, nous présente
son métier et savoir-faire.
Propos recueillis par
Christophe Dupont
le 18 octobre 1999
JI:
Comment est née l'idée
de créer PCM Assistance ?
Philippe Joliot:
Ma formation d'ingénieur en informatique industrielle
m'a conduit de 1990 à 1994 à prendre
la direction technique d'une entreprise de réparation
de disques durs, EMCA industrie. Le coeur de métier
n'était pas si éloigné de l'activité
actuelle. Lors de voyages aux Etats-Unis, j'ai fait
connaissance avec des sociétés spécialisées
dans la récupération de données.
J'ai décidé peu après, en 1994,
de créer PCM Assistance. Nous faisons désormais
partie des 3 sociétés majeures du secteur
présentes en Europe, avec Vogon et Ontrack
Data Recovery.
Pourquoi si peu d'entreprises
sur un marché qui semble porteur ?
En
fait, c'est un micro marché qui nécessite
un secteur géographique vaste. De plus il s'agit
de haute technologie qui demande un important savoir
faire en reverse engineering. Nous souffrons aussi
d'un problème de communication qui freine notre
expansion. Nous avons de très belles références,
qui nous serviraient beaucoup à nous faire
connaître mais malheureusement les sociétés
pour lesquelles nous intervenons ne souhaitent pas
faire état de pertes de données. C'est
un sujet délicat et confidentiel. Une entreprise
ayant subi une perte ne désire pas l'étaler
sur la place publique même si nous sommes parvenus
à récupérer ses données.
Quels
sont les causes les plus fréquentes des pertes de
données ?
Alors
que l'on pourrait penser que nous sommes bien placés
pour savoir précisément les proportions selon
les types de pannes, il n'en est rien ! Lorsque nous recevons
le matériel, dans quasiment tous les cas, nous ne
sommes pas informés de la cause du sinistre. Il faut
dire qu'il n'est pas nécessaire pour nous de le connaitre,
celà ne change pas vraiment nos procdures de travail.
En général, nous sommes confrontés
à trois cas:
- la panne de disque dur classique, défaillance de
la mécanique, des têtes de lecture.
- une attaque virale qui a endommagé le disque.
- un formatage accidentel du disque dur.
Quelles
sont vos procédures de travail ?
Dans
un premier temps, nous établissons un diagnostic,
entre 2 à 3 jours. Il nous permet de savoir
si les données sont récupérables
ou pas et dans le cas où elles le sont, de
donner au client la liste de fichiers et de répertoires
récupérables. Pour la récupération,
qui s'effectue en salle blanche (salle sans poussière,
ndr), nous utilisons des outils développés
en interne. Nous sommes parti de zéro pour
leur conception, en nous basant sur nos connaissances
des disques durs. C'est l'élément le
plus fragile du PC avec un taux de panne de 5%. Il
a fallu procéder à un important travail
de reverse engineering pour développer nos
outils. Dans un délai de 2 semaines, nous sommes
en mesure de restituer les données sur CD-Rom.
Quelle
est la limite, dans quelles conditions vous ne pouvez pas
restituer les données ?
Dans
l'absolu, on peut aller très loin dans la restitution
de données, c'est une question de moyens. Toutefois,
on se situe alors au niveau du traitement du signal, et
on ne peut être sûr du résultat: les
données ainsi restituées seront-elles lisibles,
exploitables ?
La règle est que plus nous intervenons tôt,
plus on a de chances de récupérer les données.
La
consigne est donc de faire appel à vous très
rapidement. Quels autres conseils donneriez vous ?
Il
ne faut pas essayer soi même de récupérer
les données dès l'instant où
ces données sont vitales. Ne surtout pas utiliser
les logiciels du marché semi-professionnel
ou grand public. Ce sont des outils qui ne servent
quasiment à rien. Ils ne sont appropriés
que pour de petits problèmes que rencontrent
les particuliers, mais certainement pas dans le cadre
de données perdues en entreprise. Mon premier
conseil est en amont: sauvegardez vos données
! Les entreprises ne peuvent pas ignorer l'importance
des sauvegardes. Il faut fréquemment et régulièrement
procéder à des sauvegardes sur de multiples
supports, et si possible avoir recours à de
multiples lieux de stockage.
Les
particuliers peuvent-ils faire appel à vous ?
Non,
nous nous adressons exclusivement aux entreprises. Les
moyens mis en oeuvre dans la récupération
de données sont trop important pour que celà
reste abordable en termes de coûts pour les particuliers.
Notre clientèle est constituée à
40% de PME et 60% de grandes entreprises. Parmi les PME,
je compte aussi les artisants, les professions libérales.
Toutefois nous travaillons sur une gamme de logiciels
adaptés au marché grand public. Nous sommes
en recherche de partenaires, d'un réseau de distribution.
Notre structure de vente devrait être en place début
2000.
Combien coûte une récupération
de données ?
Le diagnostic est de 1050 francs
HT, indépendemment de la capacité à
récupérer les données. Ensuite la
restitution est facturée 3500 francs HT + 10 francs
par Mo récupéréré.
Avez
vous connu des pics d'activité cette année
avec l'apparition de nombreux virus Internet virulents
?
Oui, avec le virus Tchernobyl, nous
avons connu une augmentation des demandes de 50%
sur un mois. Et encore celà aurait pu être
plus important car nous nous sommes aperçus
après coup que nombre d'entreprises n'imaginaient
même pas qu'il était possible de récupérer
des données, soit par méconnaissance,
soit parce qu'elles ne soupçonnaient pas
notre existence. Elles n'ont donc même pas
fait appel à nous.
L'avenir de PCM Assistance
se présente comment ?
Nous
nous attendons à beaucoup intervenir en début
d'année 2000. En effet, une des conséquences
des problèmes, que pourra provoquer le bug, ce
sont les mauvaises manipulations des employés pour
corrigner les erreurs.
Plus largement, nous allons étendre notre
implantation au Maghreb, et poursuivre notre recherche
de partenaires afin de pénéter le
marché grand public.
Philippe
JOLIOT, 41 ans, est titutlaire du diplôme
d'ingenieur option informatique industrielle du
centre d'études superieures industrielles
de Nancy. De 1988 à 1990, il est directeur
general d'un bureau d'etudes techniques. En 1990,
il rejoint EMCA industrie jusqu'en 1994 et y occupe
la fonction de directeur technique. Il fonde PCM
Assistance en juillet 1994.
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