Pionnier du marché de la gestion électronique
documentaire, Documentum a décidé de refondre
totalement sa stratégie face à l'explosion
de l'e-business. Traditionnellement tourné vers les
besoins internes de grands comptes, l'éditeur américain
s'attaque désormais à la gestion du contenu
des sites Web. Démarée officiellement il y
a près d'un mois à l'occasion du lancement
de sa solution dédiée à l'e-business,
cette nouvelle stratégie a déjà suscité
une cascade d'annonces de partenariats de la part de Documentum.
De passage en France, son président directeur général
Jeff Miller s'est arrêté pour nous livrer quelques
détails.
Propos recueillis le 6 avril 2000 par François
Morel
JI:
En quoi consiste précisément votre nouvelle
stratégie ?
Jeff Miller : Documentum étend son activité
à la gestion de contenu. Nous pensons que la combinaison
entre la GED (gestion électronique documentaire)
et la gestion de contenus Web, représente aujourd'hui
le marché global de la gestion de contenu sur lequel
nous voulons
être en première ligne.
Le fait que d'ici l'année prochaine, l'ensemble du
marché des entreprises sera en ligne nous pousse
à mettre en oeuvre cette stratégie. A présent,
les grands comptes font migrer leurs processus d'achats,
de ventes, de support... sur Internet. Ils s'aperçoivent
alors qu'ils doivent gérer d'énormes paquets
de données. Ces entreprises disposaient déjà
en général des process existants pour traiter
et publier l'information en interne. Désormais, elles
font cela sur le Web.
Documentum
est surtout connu en tant que leader du marché de
la GED. Peut-on parler d'un changement d'orientation ?
Non, car nous étendons simplement notre expertise
pour inclure le nouveau marché de la gestion de contenus
Web. La GED, de son côté, est orientée
vers l'information interne à l'entreprise. Nous lançons
une solution unique pour publier et gérer les contenus
à la fois sur Internet et sur l'intranet. Ce produit,
Document 4i e-business Edition, est disponible dès
maintenant.
Quelle
est votre politique de partenariats associée ?
Notre
nouvelle stratégie nécessite en effet de nombreux
partenaires. D'un côté, nous sommes associés
avec des éditeurs de logiciels comme Commerce One,
BEA Systems, Broadvision, Art Technology Group, IBM et Sun.
Notre serveur de gestion de contenu s'interface avec leurs
logiciels serveurs de commerce électronique. Concernant
les aspects de personnalisation, nous avons signé
avec e.Piphany, Macromedia et Net Perceptions. Pour le déploiement
des contenus, nous sommes alliés avec Marimba et
Akamaï. Enfin, nous travaillons aussi avec des intégrateurs
comme PriceWaterHouseCoopers et des agences Internet, qui
assurent le déploiement de nos solutions chez nos
clients.
Comment vous positionnez-vous
sur le marché de l'e-business ?
Nous pensons que ce marché va devenir très,
très important. Aujourd'hui, 8,5 millions de
sites pourraient utiliser des outils de gestion de contenu,
mais seulement à peine 2.000 d'entre eux y ont recours.
Or, il est essentiel que ces sites s'y intéressent.
Pour gérer un système de fichiers qui comprend
entre 40.000 et 400.000 pages, il est nécessaire
de faire appel à des applications de gestion de contenu.
Le
besoin est généralement exprimé
lorsque de gros serveurs déploient de grandes
quantités de contenus sur un site Web.
Pourquoi
cela ?
Les
entreprises mettent de plus en plus d'informations en ligne.
Mais dans le même temps, il n'est pas toujours facile
de les obtenir manuellement, notamment en raison de leur
profusion. Prenons par exemple un site marchand affichant
près de 500.000 références. Si
les internautes ne peuvent obtenir les informations qu'ils
cherchent suffisamment vite sur le site, il y a peu de chances
qu'ils se transforment en clients. Il faut donc mettre ces
données en ligne de façon organisée
tout en donnant la possibilité d'y accéder
rapidement. La gestion de contenu réduit ainsi le
temps nécessaire à la consultation du site,
mais aussi à la mise en ligne.
Certains
éditeurs comme Vignette proposent de la gestion de
contenu dans leurs outils e-business. Qu'apportez-vous de
plus ?
Vignette
constitue l'exemple d'un éditeur qui intègre
un peu de gestion de contenu dans son offre. En fait, nous
nous sommes aperçu que beaucoup de nos clients utilisaient
nos solutions interfacées à Vignette. En raison
de notre expertise historique de la gestion de contenu,
nos produits sont capables de traiter plus d'informations,
plus rapidement. De plus, nos outils produisent du contenu
en temps réel. L'information publiée va directement
sur le site Web en fonction des règles prédéfinies,
et s'adresse à la bonne personne en temps voulu.
Grâce à cela, nous augmentons fortement la
disponibilité des services. Enfin, notre dernière
solution accepte toutes sortes de contributeurs et de créateurs
de contenus, notamment à l'aide de connecteurs pour
des logiciels comme Dreamweaver.
Quelle
place la personnalisation tient-elle au sein de vos solutions
?
Document
4i e-business Edition personnalise le contenu en fonction
des profils des utilisateurs stockés sur les serveurs
de commerce électronique. Il est ainsi possible de
fournir des informations adaptées à un certain
type de public particulier.
C'est une partie très stratégique du site
Web pour les entreprises.
Allez-vous
porter votre offre sous Linux ?
Pour
l'instant, nos produits existent sous Windows 2000/NT et
trois types différents d'Unix : Solaris de Sun, UIX
de Hewlett-Packard et AIX d'IBM. Concernant Linux, nous
sommes en train d'évaluer les réels besoins
du marché. Ceci dit, nous l'utilisons en interne
dans nos propres systèmes.
Quelles
vont être vos principales évolutions au cours
des deux prochaines années ?
La
plus grande évolution est que nous allons développer
plus de produits dans le domaine du business-to-business.
Nous allons investir en particulier dans le "b-to-b
engagement", qui correspond à la façon
dont les entreprises conduisent leurs affaires. Enfin, les
innovations clefs pour nous sont dans les domaines de la
personnalisation et des technologies linguistiques.
Après
plus de 20 ans d'expérience dans l'industrie
des hautes technologies, Jeff Miller est aujourd'hui
responsable en tant que CEO (Chief Executive Officer, ou
P-DG) de Documentum des opérations au jour le jour
ainsi que de la stratégie à long terme. Avant
d'entrer chez cet éditeur, il dirigeait une division
importante chez Cadence Design Systems, un fournisseur de
logiciels pour l'automatisation des chaînes de production
d'électronique. Après avoir débuté
sa carrière chez Intel, il occupe plusieurs positions
dominantes chez le constructeur de cartes périphériques
Adaptec, où il passe de la fonction de vice-président
du marketing à celle de vice-président et
responsable global.