Référencé comme l'un des principaux
éditeurs dans le domaine de la gestion de la relation
client (CRM), MicroStrategy
cherche à faire valoir ses innovations sur ce créneau.
Avec plus de 900 clients utilisant sa plate-forme Intelligent
e-Business, l'éditeur se charge de valoriser la relation
client à travers des systèmes décisionnels
inclus dans ses solutions. A la tête de la division
Applications fondée en janvier 2000, Gaurav Rewari
est le gourou technologique de MicroStrategy. Il est notamment
responsable de la stratégie de recherche et développement
tendue vers la réalisation des futures lignes de
produits.
Propos recueillis le 14 juin 2000 par François
Morel
JDNet
Solutions : Quelle est la définition de l'e-business
selon MicroStrategy ?
Gaurav Rewari : L'e-business est l'ensemble qui regroupe
à la fois l'e-commerce et les e-services. Le commerce
électronique couvre l'aspect des transactions sur
Internet. Les e-services sont plus intéressants,
car ils permettent de fournir en ligne du marketing et du
support client. Il s'agit avant tout de rendre le client
heureux, ce que beaucoup d'entreprises traditionnelles commencent
à comprendre en apportant de l'intelligence au coeur
de leurs activités. Par le biais de l'e-CRM, les
clients peuvent interagir avec l'entreprise par de nombreux
canaux tels que la discussion en direct par téléphone
ou en ligne, le site Web, les mobiles et les e-mails. Or,
nous pensons que toutes ces interactions doivent être
enregistrées dans un seul entrepôt de données
(datawarehouse), de manière à segmenter pour
fournir au client un contenu personnalisé. Beaucoup
de clients réagissent ensuite en ayant reçu
le message. Et, en nous positionnant là, nous faisons
partie du créneau des e-services.
Quels
sont exactement les segments sur lesquels vous vous positionnez
?
Il
y en a cinq de bout en bout de la chaîne : l'entrepôt
de données clients, le moteur d'analyse et de segmentation,
la personnalisation, la diffusion des offres sur le canal
choisi, et la transaction. Afin de compiler ensemble tous
ces moteurs, nous fournissons une suite intégrée
dont l'objectif est de fidéliser le client. Car il
est facile pour les clients, sur Internet, de quitter un
site pour se rendre sur un autre.
Qu'est-ce que l'e-business intelligent
? Pourquoi ce qualificatif qui revient souvent dans vos
offres ?
Nous employons ce terme parce que notre moteur d'analyse
et de segmentation permet de regrouper les clients en fonction
de leur comportement en ligne. Nous pouvons ensuite leur
diffuser un contenu personnalisé. Nous avons consacré
toute l'année 1999 à développer des
algorithmes de Business Intelligence à la fois simples
et évolués, qui effectuent des analyses sur
un entrepôt de données relié au back-office
à l'aide de connecteurs.
Par ailleurs, nous avons recours à la technologie
du langage naturel pour les requêtes et les résultats
en retour. Parmi les questions peuvant être posées,
il y a par exemple "quels sont les produits que
mes clients les plus fidèles achètent ?".
Les requêtes en SQL sont envoyées sur la base
de données relationnelle. Mais nous ne sommes pas
positionnés sur le segment de l'ETL (Extraction Transfert
Loading) qui se charge de nourrir l'entrepôt de données
à partir de différentes sources.
Jusqu'à
quel point peut-on analyser le comportement d'un internaute
sur un site ?
Dans
certains cas, le problème est le respect de la vie
privée. Les lois dans certains pays nous interdisent
de capturer le comportement d'un internaute. La deuxième
limite tient dans le fait que certaines expériences
d'achats se font en dehors du site. Enfin, les informations
peuvent être obtenues à partir des fichiers
log, et le défi consiste à intégrer
le comportement du client lorsqu'il rentre en contact avec
le centre d'appel.
Enfin, je vous mentirais si je vous affirmais que l'e-CRM
est une application facile à développer. Mais
si l'entreprise n'est pas capable de comprendre le client
et de lui fournir le bon produit, elle n'est plus e-business
mais "out of business". Je ne vois pas d'autre
alternative.
Qu'est-ce
qui différencie vos solutions de celles classiques
de One-to-One, comme Broadvision ?
Beaucoup
de nos concurrents essaient de permettre aux entreprises
de personnaliser leur site Web vis-à-vis de leur
base clients. Or, pour apporter une réponse en temps
réel, il faut trouver la réponse dans les
données clients qui sont en mémoire. BroadVision,
par exemple, définit des groupes car la mémoire
n'est pas suffisante pour stocker le profil de chaque individu.
En ce qui nous concerne, nous pouvons après quelques
heures, ou le jour suivant après avoir enregistré
le comportement d'une seule personne, fournir une offre
réellement personnalisée. Nous ne sommes pas
temps réel et nous n'effectuons pas de promotion
instantanée. Le client reçoit sa promotion
le lendemain par e-mail.
Que
pensez-vous du "permission e-mail marketing" ?
C'est
la capacité d'impliquer les clients dans leur relation
avec l'entreprise. Le client l'autorise ainsi à lui
envoyer des informations et des promotions. L'entreprise
extrait davantage de valeur sur le long terme de la part
des clients. De plus, si elle leur envoie des promotions,
le taux de retour est de 16 à 18 % comparés
à moins de 2 % dans le cadre de campagnes marketing
classiques.
Quelles
sont les technologies intégrées dans votre
plate-forme ?
Pour
la personnalisation, nous utilisons XML qui nous permet
d'atteindre les utilisateurs sur toutes les plates-formes
et de créer des promotions e-mail différentes
pour chaque utilisateur. Notre back-end s'appuie sur l'analyse
multidimensionnelle ROLAP (Relational Online Analytical
Processing) et notre technologie Broadcaster. Nous avons
également recours à Telecaster pour convertir
le texte en langage parlé.
Quels
sont les freins au développement du CRM, et comment
les dépasser ?
L'un
des principaux obstacles est de pouvoir collecter toutes
les données pour les stocker dans un entrepôt
de données. D'autre part, les responsables marketing
et informatique ne recherchent pas le même type de
solutions. Alors que le DSI sera intéressé
par les technologies et les nouvelles plates-formes, le
marketeur qui est l'utilisateur final de la solution sera
davantage tourné vers le plan applicatif. Cela pose
des problèmes internes aux entreprises quant aux
choix de solutions.
Est-il
vrai que 50 % des projets d'implantation de solutions
CRM échouent, comme l'affirme Gartner Group ? Comment
y remédier ?
Le
choix en lui-même n'est pas facile mais il doit être
accompli. Gartner Group avait également dit que 70 %
des projets de décisionnel échouraient dans
les premiers temps. D'une part, ils n'ont pas toujours raison,
et de l'autre, les entreprises n'ont pas vraiment le choix
quant au fait de s'équiper. Il faut réduire
le fossé entre la technologie et l'activité
de l'entreprise pour réussir. Et aussi, la qualité
des consultants en e-CRM n'est pas toujours très
au point.
Quelles
vont être vos orientations futures en matière
de solutions et de technologies ?
Nous
sommes très intéressés par l'automatisation
de campagnes marketing. Prenons un exemple : vous déposez
5.000 dollars sur votre compte et vous recevez automatiquement
un e-mail de la banque vous proposant d'économiser
10 % sur des frais d'investissement liés à
cette somme. Ce sont des moteurs de règles prédéfinies
qui pourront permettre cela. A mon avis, cela représente
le futur de l'e-business. Nous devrions être prêts
de ce côté-là vers la fin de l'année.
Avant
de rejoindre MicroStrategy en 1994, Gaurav Rewari
travaillait au MIT (Massachusetts Institute of Technology)
au sein du groupe Information Technology, sur l'intégration
de larges volumes de données. Depuis son arrivée
chez MicroStrategy, il a occupé successivement
les postes de responsable des activités consulting,
puis directeur de la gestion de produits, et enfin vice-président
de la stratégie de plates-formes. Depuis sa première
promotion, il participe puis conduit la définition
de la stratégie produits de l'éditeur.
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