Avec l'intégration de Ernst & Young Consulting, Cap Gemini
dispose maintenant de 57.000 collaborateurs, et rentre dans
le club des 5 plus grosses sociétés de services en informatique
mondiales. Un atout pour aborder l'ère de l'e-business et
devenir un acteur global des services informatiques.
Propos recueillis le 19 juillet 2000 par Ludovic
Blin
JDNet Solutions : Quels sont
les apports de la fusion avec Ernst & Young ?
Richard
Seurat: On peut replacer cette fusion dans le contexte
Internet et e-business. Il y a deux ans on sentait déjà
la vague des dotcoms, et l'on se rendait bien compte que
sans présence aux Etats-Unis on ne serait pas leader dans
cette vague. Cette fusion nous apporte une présence très
forte aux Etats-Unis dans ce domaine. Aujourd'hui nous sommes
présents sur beaucoup des grands projets comme par exemple
Covisint (la place de marché de Ford, General Motors, Daimler-Chrysler
et Renault-Nissan) ou Boeing. Ernst & Young nous a donc
apporté une visibilité très forte, des projets avec une
crédibilité extrêmement concrète. Nous avons ainsi
aujourd'hui 20% de nos commandes qui sont liées au e-business,
pour un total de 1,6 milliard d'euros. De plus, cette opération
nous a apporté des connaissances uniques, comme les Accelerated
Solution Environments. Ce sont en fait des réunions
de comités exécutifs de grandes entreprises, où se
prennent des décisions rapides concernant le passage à
l'e-business. En fait, Ernst & Young Consulting nous a fait
gagner deux ans dans le domaine de l'e-business.
Vos
méthodes de travail sont-elles harmonisées ?
Oui,
le e-business, c'est quelque chose de global, il n'y a pas
de frontières. Dans ce domaine, ce qui compte, c'est la
vitesse, sans précipitation. Les méthodes sont donc basée
sur l'accélération des prises de décisions, ainsi que le
pilotage et la mise en uvre rapide de ces décisions.
Vous
effectuez déjà 37% de votre chiffre d'affaires aux Etats-Unis.
Comment va évoluer ce pourcentage ?
Aujourd'hui, nous voulons consolider notre présence en Amérique
du Nord. Nous avons maintenant une politique de leadership
global, que ce soit en Europe ou aux Etats-Unis. Cela va
de pair avec un devoir d'innovation sur nos marchés, au
service de nos clients.
Quels
sont vos concurrents les plus sérieux ?
Nous-mêmes, car nous sommes sur un marché plus grand que
celui dont nous rêvions. Plus sérieusement, on peut citer
Andersen Consulting, CSC, ou encore Boston Consulting Group
dans la famille stratégie, ou Scient dans la famille technique.
Quel
est aujourd'hui l'apport de votre système de gestion des
connaissances ?
Dans le monde d'hier, la ressource rare,
c'était l'argent. Dans le nouveau monde, la ressource rare,
c'est la vitesse et la connaissance. La connaissance, prise
dans le sens : avec qui suis-je connecté ? C'est l'écosystème,
auquel nous croyons beaucoup. Nous avions notre système
de gestion des connaissances, et Ernst & Young Consulting
avaient le leur, encore plus perfectionné. Aujourd'hui,
nous sommes en train de le connecter avec ceux de nos partenaires.
La connaissance, c'est pour nous le moteur de notre croissance.
Quelle
est votre stratégie au niveau places de marché ?
Nous
voulons être les leaders mondiaux sur les places des marchés.
D'ailleurs, nous allons annoncer de très belles réalisations
au cours des prochains mois. Nous sommes capables de faire
des places de marchés clés en main. En revanche, nous pensons
que le modèle économique des places de marché, basé sur
une facturation à la transaction ne durera pas, donc nous
essayons de trouver un modèle ou le coût de la transaction
est limité, qui fera la part belle aux services à valeur
ajoutée.
Richard
Seurat a rejoint Cap Gemini en 1994 au sein de Gemini Consulting
ou il s'est vu confier le secteur "industrie" et l'offre
de services "croissance/innovation". Auparavant, il dirigeait
le cabinet de conseil en stratégie Eurostart. Il est diplomé
de l'institut National Polytechnique de Toulouse et titulaire
d'un MBA obtenu à l'INSEAD.