BEA Systems s'est investi depuis 5 ans dans l'e-business
et a réussi à devenir incontournable
outre-Atlantique avec des références
telles qu'Amazon, FedEx ou United Airlines. Le vice
président et directeur général
de BEA Systems en France, Pierre Violo, fait le point
sur la situation passée, présente et
à venir du marché de l'e-business.
Propos recueillis le 13 janvier 2000 par Christophe
Dupont
JI:
Quel est selon vous l'élément primordial
d'une stratégie e-business réussie ?
Pierre Violo: La notion de "time to market"
va devenir primordiale. Nous pensons que l'on va assister
cette année à une accélération
phénoménale du marché, qui rendra
ce concept incontournable. Le déploiement et
l'évolution doivent être les plus rapides
possibles.
Comment
voyez vous la répartition entre les marchés
du B2B et du B2C ?
En
1999, nous avons constaté que dans l'e-business,
60% des demandes ont concerné la mise en place
d'infrastructures, beaucoup d'intranets. Sur les 40%
restants, le business to business a représenté
30% contre 10% de business to consumer. Je pense que
la croissance va être forte pour les deux. Le
B2B est intégré dans du B2C, et de fait
prend plus d'importance. La proportion devrait être
de 60/40 en faveur du B2B sur le marché. Le
B2B a l'intérêt de retombées immédiates
pour les entreprises. Mais la part de croissance du
B2C, plus récent en France, sera certainement
plus importante.
Quelles
sont les différences majeures entre le marché
européen et le marché américain ?
Sur
le marché américain, le B2C est une
réalité incontournable, quotidienne.
C'est définitivement ancré dans la culture
américaine et celà transforme les rapports
à la consommation. On l'a vu récemment
avec les avancées de Ford dans le domaine de
la vente automobile online. En Europe, les leaders
dans ce secteur ont été les pays scandinaves,
Finlande et Suède en tête. Ce sont des
pays dans lequels l'ouverture vers les nouvelles technologies
est forte. La France est un phénomène
à part qui se résume à la problématique
Minitel.
Le
Minitel a été un frein ou une chance ?
L'utilisation
massive de cet objet en France nous a donné
une avance dans le domaine des services online. Mais
paradoxalement, cette avance a rapidement constitué
un frein dès lors que l'Internet est arrivé.
Pourquoi ? Les premiers services offerts sur l'Internet
étaient des services de base qui existaient
sur le Minitel. Alors pourquoi utiliser l'Internet
avec ce que cela suppose comme investissement, en
matériel avec l'achat d'un ordinateur, du modem,
et en temps avec l'apprentissage de l'outil informatique
?
Depuis, l'informatique s'est démocratisée,
les prix des PC sont moins élevés en
France. Il faut d'ailleurs noter que c'est la grande
distribution qui a été le moteur de
cette démocratisation, pas HP, Compaq, Dell
ou IBM... Les prestataires ont commencé à
migrer leurs services du Minitel vers l'Internet,
la France va rattrapper son retard probablement cette
année.
Et
chez nos voisins européens ?
L'Angleterre
fait de très gros investissements, c'est le
premier marché actuel de l'e-business. Les
investissements y sont beaucoup plus conséquents
que chez nous. Le marché allemand n'est pas
très éloigné de la situation
en France avec les prémices d'une forte accélération.
L'Italie et l'Espagne ont un certain retard technologique
qui reste encore à combler. En Italie, il subsiste
de forts problèmes d'infrastructures pour l'Internet.
Mais ce pays présente une forte prédisposition
pour le marché du WAP.
Justement,
croyez vous à l'explosion du WAP ?
Indiscutablement,
le marché des mobiles actuellement c'est 20 millions
d'abonnés. Cette année, 60 à 70% des
téléphones mobiles vendus seront compatibles
WAP. Il suffit d'assister à une démonstration
des services que permet le WAP pour être définitivement
convaincu de sa perçée. Nous travaillons à
des partenariats sur ce marché avec Cross Systems
et avons des contacts avec Nokia et Hewlett-Packard. Le
WAP va devenir incontournable.
Après
la vague de mise en place d'infrastructures en 1998
et 1999, ne craignez vous pas un recul de la demande
cette année ?
Non,
je ne pense pas. Tout d'abord, les investissements
en 1999 ont été freinés par les
projets an 2000. On constate déjà une
augmentation sensible des appels d'offres. De plus,
notre offre est encore beaucoup plus riche. Nous avons
élargi notre couverture et sommes confiants
quant à la croissance de l'e-business.
En ce début d'année 2000, en quoi consiste
l'offre produits de BEA Systems et vers quelle
orientation évolue t-elle ?
Notre offre est toute orientée vers le transactionnel.
Nous avons des solutions complètes de plate-forme
transactionnelle, de plate-forme de développement,
des composants e-commerce et d'intégration.
Jusqu'à présent cette offre était
relativement segmentée. Notre objectif est
de mettre en place une chaîne complète
d'e-commerce, d'introduire une notion d'applications
adaptables. En effet, sur le marché de l'e-commerce,
si on veut réussir, la dernière chose
à faire, c'est de faire la même chose
que son voisin ! En clair, quelque soit le domaine,
l'offre doit changer sans cesse, les acteurs doivent
être en mesure de fournir régulièrement
de nouveux services. Celà se traduit en informatique
par de nouveaux composants, qui permettent le déploiement
rapide de nouveaux services sur un site. L'originalité
de notre offre est de pouvoir fournir une chaîne
complète intégrable et complètement
adaptable.
Comment
allez vous mettre en place cette offre
?
On va voir apparaître
beaucoup de produits qui vont faciliter l'intégration
de nos nouveaux produits avec l'existant. Début
novembre 1999, nous avons signé un accord avec
Neon pour incorporer leur technologie dans notre suite
e-commerce e-Link. Celà permettra l'intégration
de composants applicatifs dans un environnement existant
et rendra les applications complètement adaptables.
D'une manière plus générale,
nos produits doivent permettre de faciliter toutes
les liaisons B2B.
Dans
le domaine de l'e-business, la gestion de la relation
client prend de l'ampleur, comptez-vous l'intégrer
à votre offre
?
Non,
nous n'allons pas rentrer dans l'e-crm, ce n'est pas
dans nos projets immédiats. Il faut comprendre
que notre objectif n'est pas de fournir une application
finale. Nous ne souhaitons pas fournir 80% des briques
du marché qui permettent de construire les
services, mais juste les 20% qui vont faire la différence.
Ingénieur électronicien ESEO (Ecole
Supérieure d'Electronique de l'Ouest) et ancien
élève de l'INSEAD, Pierre Violo a occupé
plusieurs postes de direction générale,
de ventes, et de marketing, en particulier chez Computervision
(1978-1994) en tant que vice président et directeur
général des ventes indirectes mondiales
aux USA. Avant de rejoindre BEA Systems, il était
vice président directeur général
de Sybase Country Group.