> A quoi s'applique
la notion de "balanced scorecard" ?
Le "tableau de bord équilibré"
(en anglais: Balanced Scorecard) est un modèle d'analyse élaboré
pour faciliter l'aide à la décision stratégique. Son
principal atout est de prendre en compte des indicateurs à la fois
financiers et non-financiers (mesure des impacts possibles sur les clients,
les employés et les processus internes...), dans son élaboration
des prévisions de performances.
Ce modèle est ainsi utilisé par les Directions des Systèmes
d'Information et Directions e-Business pour des projets notamment d'e-Commerce
et d'e-Approvisionnement, projets induisant une nécessaire politique
de conduite du changement, qui doit donc être prévue en sus
des seuls objectifs financiers, les "balancer" en somme.
>
D'ou vient le concept ?
A l'origine, un article de 1992
par Robert S. Kaplan & David Norton, "The Balanced Scorecard: Measures
that Drive Performance", publié dans la Harvard Business Review
et devenu en 1996 un livre "The Balanced Scorecard: Translating Strategy
Into Action" (Harvard Business School Press, 1996). Aujourd'hui,
l'idée s'est répandue dans nombre des plus grandes entreprises
mondiales et fait partie de la panoplie des outils des "risk managers"
en tant que méthodologie d'évaluation des impacts négatifs
de l'implantation d'une stratégie nouvelle (ou d'un nouveau projet
informatique influant sur les processus de production).
> Quel est son apport
aux technologies de l'information ?
Parmi les utilisations possibles
du Balanced Scorecard par une Division IT, on peut citer la possibilité
de déterminer comment cette dernière doit intervenir pour
aller le plus efficacement possible dans le sens de la stratégie
voulue par sa direction. Egalement, une DSI pourra utiliser le modèle
pour mesurer l'impact de ses propres initiatives (l'implantation d'un
logiciel et les conséquences à envisager en termes de conduite
de changement et d'altération des processus, des habitudes, mais
aussi en termes budgétaires, volet qui n'est pas oublié
par le Balanced Scorecard).
> Quelle est la démarche
sous-jacente ?
Le Balanced Scorecard propose (en résumé) la démarche
suivante pour un projet (IT ou non, d'ailleurs):
- Déterminer les capacités et buts de la DSI (ou de la Division
IT) au regard des processus internes: en ce sens, l'informatique occupe
une place cruciale dans le modèle;
- comparer le coûts du projet avec les bénéfices et
les impacts organisationnels (sur l'ensemble de l'entreprise) qu'il va
engendrer;
- Considérer la réaction des clients/employés sur
l'influence du projet sur la performance du SI;
- Déterminer si le projet s'inscrit dans la volonté de formation
des employés dans le sens du développement opérationnel.
Une fois ces quatre points examinés, les initiatives à prendre
et les objectifs à atteindre vont être clarifiés,
ainsi que les rôles et attentes de chacun. L'idée est véritablement
de lier les buts spécifiques d'un département de l'entreprise
avec la stratégie globale, de façon à ce que les
deux cohabitent de la meilleure manière.
> En quoi ceci
apporte une grille de lecture différente par rapport aux autres
systèmes d'aide à la décision ?
La différence fondamentale entre
cette méthodologie et la plupart des autres approches du management
(ce que le Balanced Scorecard est bien, et non seulement un système
de mesure) réside dans son aspect continu, cyclique. En effet,
les indicateurs nécessaires au modèle évoluent constamment,
distinguant le Balanced Scorecard du management traditionnel de projet.
Dans ce contexte, la difficulté dans l'implémentation de
la méthodologie dans l'entreprise est représentée
par l'initialisation du processus. En pratique, il est alors nécessaire
de passer par une phase (dite "ramp-up phase") de mise à
niveau (par la formation, le déploiement de "pilotes"...)
permettant, en quelque sorte de "prendre le train en marche".
> Les bénéfices
de la méthode justifient-ils son coût (financier et en temps)
?
Comme toute méthodologie,
l'implantation prend du temps et coûte de l'argent. Mais comparativement
moins, semble-t-il, que des systèmes
plus ancients. Il faudra bien sûr définir les indicateurs
(souvent, chaque business units devra définir ses propres indicateurs),
collecter les données (un processus cyclique, là encore)
et développer les outils logiciels (ou faire appel à des
solutions), autant d'étapes certes lourdes mais qui, une fois mises
en place, n'imposent généralement que des adaptations mineures
ensuite.
D'une manière générale, l'implantation à l'échelle
de l'entreprise d'un coup d'un seul est illusoire, mais gagnera à
être incrémentale, ce qui minimisera et rendra contrôlables
les risques.
Par ailleurs, le Balanced Scorecard
reste une méthode d'aide à la décision, destinée
donc à clarifier les choses pour les managers: attention donc à
ne pas définir d'indicateurs qui introduiraient trop de complexité
dans le système, et invaliderait de fait la pertinence de la méthode.
> Quelles précautions
vis à vis des résultats offerts par la méthode ?
La principale objection que l'on
pourrait apporter sur ce point est le contrôle sur les résultats
produits. En clair, dans le cadre d'une business unit, l'évaluation
(défavorable) des objectifs stratégiques via le Balanced
Scorecard peut se retourner contre les responsables. L'argument donné
en réponse par les défenseurs de la méthode est généralement
le suivant: que se passerait-il s'il n'y avait pas du tout de résultats
?
Egalement, il est possible que les résultats soient mal interprétés.
Là encore, l'aspect "balancé" de la méthode
doit pouvoir corriger au maximum toute erreur de ce type, en croisant
des mesures effectuées par différentes personnes et de différentes
natures. De fait, le Balanced Scorecard n'évalue pas la performance
individuelle, mais bien la performance (organisationnelle) collective.
Enfin, la méthode favorisant l'élaboration d'indicateurs
spécifiques, elle contourne le problème de l'imposition
de règles standards mal adaptées.
> Comment tout cela
se traduit-il en termes d'outils logiciels?
Les acteurs de l'analytique et
de la Business Intelligence proposent des outils de Balanced Scorecard,
permettant de faciliter la définition des indicateurs, la collecte
de données, et l'exploitation de celles-ci dans le cadre de la
méthode. A titre d'exemple, citons les offres (certifiées)
de Cognos, Crystal Decisions, Hyperion, InPhase, Oracle, Peoplesoft, SAP,
SAS... (mais il en existe beaucoup d'autres).
[Jérôme Morlon, JDNet]