ENQUETE 
 
Olivier Njamfa
Président de la commission investisseurs
Afdel
Olivier Njamfa
"Trouver des financements se réfléchit avant et après la création d'entreprise"
Pour soutenir sa croissance, un éditeur de logiciels aura nécessairement besoin de trouver des financements. Les bonnes pratiques de l'Afdel.
30/10/2006
 
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JDN Solutions. Où trouver des financements en tant qu'éditeur de logiciels ?
Olivier Njamfa. Toutes les entreprises qui se créent doivent particulièrement travailler sur le sujet. Les gens sont sous informés car il s'agit d'un vrai travail de fond, un travail à faire avant la création de l'entreprise mais aussi pendant sa vie afin de l'alimenter.

Or, quand on est éditeur de logiciel, il faut savoir que c'est une activité qui consomme beaucoup de trésorerie car elle demande un investissement lourd en recherche et développement, ce qui implique des personnes derrière. L'entrepreneur doit s'en rendre compte et savoir s'il pourra financer ce développement en fonction de ses objectifs.

Existe-t-il des segments d'entreprise où les objectifs et les moyens de financement diffèrent ?
Le palier chez les éditeurs de logiciel se situe autour des 5 millions d'euros de chiffre d'affaires annuel. Avec cette taille, vous vous retrouvez directement dans les 50 premiers éditeurs français. Si c'est votre ambition, il faudra nécessairement passer par des capitaux risqueurs, qui seront les seuls à même de vous prêter rapidement 2 à 3 millions d'euros.

Si au contraire, vous vous arrêtez un objectif de 500 000 euros de chiffre d'affaires annuel, l'Oseo peut permettre d'obtenir des subventions. Les fonds peuvent aussi être apportés par un réseau d'investisseurs. Les banques, elles, vous prêteront assez rarement de l'argent car ici, je parle de financer le haut du bilan de l'entreprise. Elles interviennent dans les prêts, et pas pour des sommes de 2 millions d'euros ou alors via leur branche de capital risque.

Il ne faut pas se fixer un type de financement donné"
Est-ce que l'introduction en bourse via le marché libre par exemple représente une alternative viable ?
Le marché libre est une possibilité, mais je penserais plutôt à Alternext pour une société rentable car elle lui donnera plus de moyens pour développer sa croissance. Ce que nous constatons, c'est qu'il ne faut pas se fixer un type de financement donné mais bien maîtriser tous les moyens possibles et les évaluer en fonction de la maturité de son entreprise.

Justement, quels sont tous les moyens de financement possibles ?
D'abord le cercle familial, ensuite les investisseurs pour lever des petites sommes de l'ordre de 20000 à 50000 euros. Ensuite, quand l'entreprise mûrit un peu plus, il y a l'organisation Oseo qui fonctionne bien. A travers l'aide à l'innovation et au recrutement, la société peut obtenir des financements moins dilutifs dans son capital.

A partir de 1 à 2 millions d'euros, il faut envisager soit le capital risque, soit l'introduction en bourse, soit la levée de fonds. Les grands comptes peuvent aussi investir dans des petites entreprises à condition de se placer dans une logique de partenariat. C'est une piste mais elle est plus rare et il faut remplir beaucoup de conditions.

L'essaimage et la reprise d'entreprise peuvent-ils contourner ce problème de financement ?
L'essaimage, ce sont des grands comptes qui développent des technologies et se rendent compte qu'elles ne sont pas les mieux placées pour les porter. Des sociétés comme France Télécom, EADS acceptent alors que les employés qui ont développé ce type de technologies créent leur entreprise et peuvent éventuellement les financer. Le taux de réussite de ces sociétés est souvent supérieur à celui des sociétés créées ex nihilo.

La reprise d'entreprise est pertinente dans la mesure où le papy boom touche tous les secteurs et les chefs d'entreprises doivent alors préparer leur succession. Il faut par contre des capitaux pour reprendre l'entreprise et connaître son activité. C'est toujours un risque à prendre.

L'important dans la négociation, c'est la part de l'entreprise que le dirigeant est prêt à céder"
Préparer sa levée de fonds, en quoi cela consiste-t-il ?
Supposons que l'éditeur souhaite lever un million d'euros. L'entrepreneur va devoir travailler sur un business plan très détaillé et précis déclinant la vision du chef d'entreprise, ses produits, sa rentabilité, ses équipes, ses ventes… C'est une étape qu'il est possible de faire tout seul mais des cabinets spécialisés dans la rédaction de business plan peuvent aussi apporter leur expérience. A partir du business plan, le dirigeant constitue un executive summery, soit un synthèse de 4 à 5 pages pour capter l'attention des financiers.

Un business plan, ca peut faire jusqu'à 100 pages. Il faudra ensuite préparer des présentations pour montrer sa vision, son retour sur investissement et s'entraîner pour vendre son projet. L'Afdel fournit à ce sujet des éléments clés pour avancer avec le maximum de connaissances.

Cela signifie qu'il faudra négocier le montant de sa levée de fonds ?
Non, après la constitution du business plan, l'entrepreneur comme les financiers savent combien vaut l'entreprise. Il faut étayer les 2 ou 3 millions d'euros que vous voulez lever de toute façon et les financiers sont très précis sur la valeur des biens. La négociation, elle se passe sur la part de l'entreprise que le dirigeant est prêt à céder. C'est ce point qui fait ou défait des affaires. Il est donc préférable de s'y préparer.

L'ingérence des investisseurs est-elle inéluctable ?
Non, mais ce n'est pas forcément une mauvaise chose pour l'entreprise parfois. Le nouvel actionnaire va surveiller l'entreprise, à la fois sur sa gestion au quotidien c'est-à-dire le cheval, que sur le dirigeant c'est-à-dire le cavalier. C'est aussi pour cela qu'il ne faut pas surévaluer le montant dont on a besoin avant de lever des fonds. Par contre, ce n'est pas parce que le dirigeant va céder une grosse part de son entreprise qu'il y perd forcément. Parfois, c'est la meilleure solution pour se développer et valoriser sa société.

Est-il possible de se passer d'une levée de fonds dans la vie d'un éditeur ?
Comme je le disais au début, tout va dépendre de votre ambition. Mais si vous voulez aller vite, que vous n'êtes pas millionnaire et que vous souhaitez être un leader national ou international sur votre secteur, vous n'échapperez pas à la levée de fonds.

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Mais le directeur général sera-t-il à même de gérer la croissance de sa société, sa rentabilité, et l'évolution de sa technologie ?
C'est vrai que l'édition de logiciel implique beaucoup de chose. Le dirigeant ne doit pas hésiter à se faire accompagner par un directeur financier. Dans notre secteur, il faut vite capter un pan technologique pour en inventer d'autres. Dès qu'on sent le marché mature, il faut y aller avant qu'un concurrent ne prenne le pas. Cela nécessite des investissements et donc une levée de fonds.

Une solution à la croissance réside-t-elle également par la croissance externe ?
Oui, c'est une bonne solution pour atteindre une taille critique. Sur les acteurs de petite taille, il devrait y avoir plus de fusions logiquement alors que ce n'est pas le cas. Je pense qu'il y a une certaine frilosité sur le marché français à se lancer dans la croissance externe, beaucoup plus en tout cas que sur le marché américain. Il y a un facteur humain à prendre en compte, les entrepreneurs veulent garder le contrôle de leur entreprise. Pourtant, deux éditeurs de 2 millions d'euros qui fusionnent pourraient aller plus vite et tirer mutuellement avantage de cette fusion.

 
Propos recueillis par Yves DROTHIER, JDN Solutions

PARCOURS
 
 
Olivier Njamfa, est le Président de la commission Investisseurs de l'AFDEL (Association Française des Editeurs de Logiciels) et le fondateur et président de la société Eptica, éditeur de solution de relation client.

   
 
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