ENQUETE 
 
Michel Safars
Directeur des opérations
INRIA Transfert
Michel Safars
"Les éditeurs sous-estiment la protection de la propriété intellectuelle"
Les pièges à éviter et les bons indicateurs à mettre en place pour lancer son entreprise et tenir ses engagements.
30/10/2006
 
  Enquête

Le kit du créateur d'entreprise IT

 Analyse
 Démarches
 Olivier Njamfa (Afdel)
 Olivia Pilo (Océan)
 Michel Safars (INRIA Transfert)
 Jean-René Boidron
(CroissancePlus)

JDN Solutions. Quelle est la mission de l'INRIA Transfert ?
Michel Safars. C'est une filiale à 100% de l'INRIA mais dont l'activité est totalement indépendante de la mission de recherche de l'INRIA. L'INRIA Transfert a pour mission de faire de l'accompagnement d'entreprise auprès de ses équipes de direction. Nous essayons de les conduire vers un parcours le plus équilibré possible pendant une courte période, un ou deux ans, après le lancement de la société. Nous pouvons aussi accompagner des sociétés plus matures.

Cet accompagnement se limite-t-il aux seules sociétés nées de l'INRIA ?
Non, aujourd'hui plus de la moitié des sociétés que nous accompagnons n'ont pas pris naissance autour de l'INRIA. Elles peuvent avoir des relations avec l'INRIA sans en être issues.

Sur quels éléments aidez-vous les jeunes entreprises informatiques ?
Principalement sur tout ce qui touche à l'organisation de l'entreprise, c'est-à-dire le marketing, la protection industrielle, le management et la gestion des équipes. De manière parallèle, nous avons lancé un fonds d'investissement, baptisé iSource, avec la Caisse des dépôts et Axa Private Equity. iSource s'adresse à toutes les sociétés, pas seulement à nos clients, et est géré par une équipe indépendante de l'INRIA Transfert. Ce fonds totalise aujourd'hui 150 millions d'euros d'investissements.

Quelles sont les conditions pour être accompagné par l'INRIA Transfert ?
Il faut avoir potentiellement des relations avec l'INRIA. Cela signifie qu'il n'est pas nécessaire que la société que nous accompagnerons ait déjà des relations avec l'INRIA. Ce que nous recherchons avant tout, ce sont des projets qui proposent une véritable rupture technologique, qui soit innovant. Nous soutenons essentiellement des éditeurs de logiciels. A l'inverse, nous recevons beaucoup de candidature de sites Web. Si le concept marketing est bon mais qu'il n'y a pas de technologie derrière, cela pose un problème.

Chaque dirigeant et manager doit pouvoir partager ses motivations"
Quelles sont les erreurs communes que peuvent commettre des dirigeants d'entreprise du secteur informatique ?
Les dirigeants se comportent un peu comme des enfants, dans le sens où ils ont tendance à ne faire attention qu'à ce qui les intéresse dans l'entreprise. Il faut faire en sorte que l'équipe soit claire dans la définition de ses objectifs et dans les moyens qu'elle compte mettre en œuvre. Cette étape s'avère surtout importante pour mettre d'accord les managers et les investisseurs. Souvent, après 2 ans de vie commune, les gens se rendent compte qu'ils ne voulaient pas tous prendre ce chemin là. Il faut donc que chacun puisse partager ses motivations mais aussi avoir des dirigeants qui s'intéressent aux bonnes priorités.

Et quelles sont pour vous les bonnes priorités ?
Nous avons mis au point pour cela un outil, qui s'appelle le Radar INRIA Transfert ou Radar IT. Cet outil fait partie de notre processus d'accompagnement des entreprises. Il place l'éditeur sur 11 axes stratégiques qui vont de la qualité des équipes et de l'organisation, aux avantages concurrentiels et au marketing stratégique. Ce radar est mis au point lorsque nous rencontrons pour la première fois l'entreprise et il est mis à jour au fur et à mesure que l'entreprise évolue.

L'un des axes concerne la protection de la propriété intellectuelle. Quel en est l'enjeu ?
Régulièrement, ces sociétés sous-estiment la protection de la propriété intellectuelle et les dangers de la concurrence. Nous les alertons sur ce thème, nous suivons cet axe sur notre radar IT pour faire en sorte que la société soit capable de développer une véritable politique de gestion de la propriété intellectuelle, ce qui passe par la protection de marque ou l'utilisation de brevets. Un des dangers qui menace de belles starts-ups françaises sera d'être racheté très tôt.

Aidez-vous ces jeunes éditeurs à trouver des financements ?
L'INRIA Transfert regroupe des experts grands comptes, des éditeurs et des capitaux risqueurs. Notre mission consiste à entraîner les chefs d'entreprise à des entretiens commerciaux et à des présentations de business plan. Chaque entretien donne lieu à des comptes-rendus par nos différents experts, dont des DSI. Ces critiques constructives aident les dirigeants à améliorer leur offre ou simplement sa présentation.

Parfois, par le réseau de l'INRIA Transfert, nous les présentons à des industriels pour leur donner un petit coup de main, même si ce n'est pas notre rôle.

Mais le gros gros problème des starts-ups ne vient pas des levées de fonds ou de la gestion d'équipes. Leur premier problème c'est de parvenir à vendre alors que l'entreprise est petite et que le client doit prendre un risque et avoir confiance. Or, nous sommes confrontés à une grande aversion au risque de la part des industriels. Nous cherchons donc des biais pour obtenir au lancement des références, des clients prestigieux qui vont créer de la confiance, limiter la perception du risque et faire entrer l'entreprise dans un cercle vertueux.

Sur le site de l'INRIA, des technologies n'attendent que d'être exploitées"
En tant que partenaire de l'INRIA Transfert, peut-on piocher dans les compétences de l'INRIA qui correspondent à l'activité de son entreprise ?
Oui, même sans l'INRIA Transfert d'ailleurs. Tous les entrepreneurs de France peuvent faire appel à l'INRIA. Dans chacun des centres, ils trouveront des charges des relations industrielles qui font l'interface entre les laboratoires, les technologies et les industriels. Il y a beaucoup de gens qui veulent entreprendre mais qui n'ont pas d'idées. Ils peuvent aller voir sur le site de l'INRIA des technologies qui n'attendent que d'être exploitées.

Le dirigeant doit-il recourir à des tableaux de bord ?
Je pense que oui, c'est important pour sortir la tête du guidon. Ceux qui font de l'accompagnement permettent déjà aux dirigeants de prendre du recul, mais le tableau de bord est un point important. Il n'est pas nécessaire qu'il soit si énorme que notre radar IT d'ailleurs. Ce qui est important, c'est de garder les bonne priorités, de bien s'entourer et de progresser soi-même en lisant des bouquins sur le management d'entreprise par exemple.

Il ne faut pas hésiter à changer de business model avec le temps, le business plan n'est qu'une première étape.

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Changer sa stratégie du tout au tout, c'est vraiment possible ?
Tout dépend à quelle phase de l'entreprise. Quand le poussin n'est pas sorti de l'œuf, on peut tout changer tant que cela n'impacte pas l'architecture du produit. Internet fait partie intégrante des modèles, et c'est un domaine où l'on peut ajuster facilement son prix, son mode de commercialisation. Attention toutefois à ne pas opter pour un modèle trop innovant, car en tant que PME on multiplie les risques. Dans la mesure du possible, nous recommandons d'utiliser des business models éprouvés car la société a déjà beaucoup de choses à démontrer : sa technologie, sa façon de convaincre des clients…

Quelle est l'erreur classique d'un éditeur qui se lance ?
Croire qu'il va devenir du jour au lendemain éditeur. Souvent, la société commence par faire du service en vendant de l'outillé à un client. Un jour, elle passera par des intégrateurs mais au début, elle doit apprendre de ses premiers clients et ce retour va être très important. Le fait d'être son propre intégrateur l'aidera par la suite à trouver les bons partenaires. Mais chercher tout de suite un intégrateur, ce n'est pas la bonne démarche car ils ne créeront pas le marché pour soi.

 
Propos recueillis par Yves DROTHIER, JDN Solutions

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Michel Safars, est le directeur des opérations de l'INRIA Transfert.

   
 
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